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La Russie et l'Ukraine cherchent le soutien africain

Etienne Gatanazi
20 avril 2022

Face à l'invasion russe en Ukraine, l’Afrique apparait divisée entre le souci de prendre ou de ne pas prendre parti entre les protagonistes.

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Les impacts de l'invasion russe en Ukraine à Irpin
Les impacts de l'invasion russe en Ukraine à IrpinImage : Oleksandr Sawytsky/DW

Le continent est devenu un enjeu d’influences où l’Ukraine et la Russie essayent d’engranger des voix qui peuvent leur servir lors de votes à l’Assemblée générale des Nations unies. Les intérêts économiques et géopolitiques jouent énormément dans ce jeu diplomatique.

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Au début de l’invasion russe en février dernier, la plupart des pays africains ont considéré ce conflit avec peu d’intérêt car trop éloigné géographiquement.

Mais, au début du mois de mars, lors du vote par l'Assemblée générale de l'ONU d’une résolution exigeant que la Russie cesse de recourir à la force contre l'Ukraine, les pays africains n’ont plus pu ignorer cette guerre.

14 pays du continent sur les 54 se sont soit abstenus, soit n'ont tout simplement pas participé au vote. Les autres ont voté pour.

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L'Assemblée générale de l'ONU le 2 mars lors du vote d'une résolution sur la guerre en Ukraine
L'Assemblée générale de l'ONU le 2 mars lors du vote d'une résolution sur la guerre en UkraineImage : Timothy A. Clary/AFP

Début avril, lorsque l'Assemblée générale vote la résolution suspendant la Russie du Conseil des droits de l'homme, dix pays africains votent pour, neuf contre, alors que 24 s’abstiennent et onze ne participent pas au scrutin. 

Les chiffres de ce second vote témoignent de l’embarras du continent face à une guerre qui ne le concerne pas et où il est périlleux de prendre parti.

L'Ukraine peine à convaincre l'Afrique

Pour l'instant, l'Ukraine tente de convaincre plus globalement l'Union africaine pour permettre au président Volodymyr Zelensky de parler au sein de cette organisation, comme il l'a déjà fait dans différents Parlements du monde. 

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Les mêmes discussions sont à l'ordre du jour au Kenya, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, pour que l'ambassadeur ukrainien à Nairobi puisse faire passer son discours devant les deux chambres du Parlement. 

Le président Volodymyr Zelensky lors d'un discours le 18 avril dans son palais à Kiev
Le président Volodymyr Zelensky lors d'un discours le 18 avril dans son palais à KievImage : Ukrainian Presidential Press Office/AP/dpa/picture alliance

Mais, le diplomate ukrainien peine toujours à convaincre et selon Aziz Salmon Fall, professeur à l'université du Québec à Montréal, les réticences du continent africain vis-à-vis de ce conflit sont stratégiques.

"Il y a un point de bascule géopolitique du monde sur lequel les Africains ne sont pas dupes qui est qu'effectivement, la triade Etats-Unis, Europe et Japon s'affaiblit sur le continent au détriment de nouvelles forces, principalement la Chine, l'Inde, mais aussi d'autres pays des Brics. Et dans ce rapport de force, l'Afrique doit penser à elle et avoir une position en tous cas médiane, ou veiller aux intérêts africains", explique Aziz Salmon Fall.

La Russie bénéfice par ailleurs d'un important soutien sur le continent africain, notamment grâce à son activisme sur les réseaux sociaux et dans les médias, mais aussi sa présence militaire au Mali et en Centrafrique.