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La Suisse fait la Une des quotidiens allemands

Philippe Pognan10 février 2014

« Les Suisses veulent rester entre eux », « Les Suisses risquent la rupture avec l'Europe », « Les Suisses veulent moins d'immigrants »: tels sont les titres des journaux allemands ce matin.

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Image : picture-alliance/dpa

Les éditorialistes commentent largement le "oui" dimanche, à une courte majorité de 50,3%, lors d'un référendum intitulé "contre l'immigration de masse" et organisé à l'initiative du parti de l'Union Démocratique du Centre, UDC (droite populiste).

« Le vote révèle que la Suisse est divisée », relève le quotidien DIE WELT. « La partie germanophone du pays a voté clairement pour une limitation de l'immigration, tandis que la partie francophone, elle, a voté en majorité contre. . Ces différences régionales limitent la capacité d'action politique de la Confédération Helvétique. La Suisse doit redéfinir son voisinage avec l'Union européenne…L'UDC devra apprendre à quel point il est difficile de séparer les aspects positifs des accords bilatéraux passés avec Bruxelles de ceux qu'elle apprécie moins, avertit DIE WELT et : l'UDC doit s'assurer que cette victoire, acquise par une polémique, ne se transforme pas en début de la fin du miracle économique suisse. »

« Partout en Europe, de tels référendums contre l'immigration pourraient compter avec un taux élevé de « oui », assure la FAZ, la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG. L'UDC, a profité de certains médias qui associent souvent « l'étranger » à des aspects négatifs. Des références à un taux élevé de criminalité, à des abus de prestations sociales, au nombre de demandeurs d'asile, viennent renforcer la peur d'une insidieuse perte d'identité. Mais pour le gouvernement, pour les partis politiques, - mis à part l'UDC-, pour les représentants du patronat et des syndicats, le résultat de ce référendum est la plus grosse défaite depuis le rejet de l'adhésion de la Suisse à l'espace économique européen en 1992 » estime l'éditorialiste de la FAZ .

La SÜDDEUTSCHE ZEITUNG , elle, exprime de la compréhension pour les soucis de nombreux Suisses :

SVP Schweiz Immigration Masseneinwanderung Plakat 2014
Affiche de l'UDC avec le slogan: "Stopper l'immigration de masse"Image : Reuters

„ Il ne faut pas automatiquement interpréter une position critique envers la liberté de s'établir librement en Suisse comme de la xénophobie... Certes, les étrangers en Suisse contribuent au PIB, mais concrètement, le citoyen suisse n'y gagne pas grand-chose : quelques francs de plus par an, selon les statistiques. Mais il les paye par une perte de qualité de vie : manque de logements, trains bondés, rues et routes embouteillées. Et cela n'est encore rien, comparé à la peur de perdre son emploi, explique l'éditorialiste.Les employés étrangers font baisser les salaires, parce que les entreprises peuvent puiser à volo dans un réservoir de 500 millions de citoyens de l'Union européenne. »

« Primitif et rétrograde »c'est ainsi que la HANNOVERSCHE ALLGEMEINE ZEITUNG qualifie le référendum. « Les Suisses ne peuvent pas espérer que les Européens continuent à maintenir gentiment leurs frontières ouvertes pour leurs produits et services, si eux ferment les leurs comme il leur plait. Cela fait trop longtemps déjà que les Suisses se réservent les meilleures parts du gâteau. Des Allemands riches, d'Alice Schwarzer à Uli Hoeneß, sont accueillis à bras ouverts par les banques suisses. Mais quand il s'agit de jouer selon des règles communes dans un contexte européen, ou même de se montrer solidaire, alors là la Suisse ne manque jamais de souligner sa non- appartenance à l'UE.

Schweiz SVP-Politiker Christoph Blocher
Le chef de l'UDC Christoph BlocherImage : Fabrice Coffrini/AFP/Getty Images