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"La Turquie au bord de la guerre civile?"

Philippe Pognan12 octobre 2015

Deux jours après le bain de sang en Turquie, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a confirmé que, malgré les tensions, les élections législatives anticipées auraient lieu le 1er novembre.

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Türkei Ankara Proteste Selbstmordanschlag
Image : Reuters/U. Bektas

Selon le dernier bilan, cet attentat, le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc, a fait plus de cent morts et 500 blessés. Deux kamikazes se sont fait exploser dans une manifestation de militants venus de toute la Turquie à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche favorables à la cause kurde.

Türkei Terroranschlag Selbstmordanschlag Ankara Beerdigung
Une famille en deuil pleure la mort d'un parent, victime du double attentat- suicide de samediImage : Getty Images/G. Tan

"C'est déjà le troisième attentat après ceux commis sur un congrès du parti pro-kurde HDP à Diyarbakir et sur des activistes de gauche à Suruc, relève la Frankfurter Rundschau. Ces attaques visent toujours des Kurdes, des syndicalistes et la société civile. Cette fois, les victimes sont des gens qui voulaient manifester pour la paix et pour une solution politique du conflit entre l‘armée turque et la rébellion du PKK kurde. On ignore encore qui a perpétré ce massacre, qui veut une escalade d'une situation politique déjà tendue. Mais les remarques de dirigeants de l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir, qui accusent les manifestants pour la paix d'avoir eux-mêmes provoqué la violence, sont infâmes. Ce sont plutôt eux qui versent de l'huile sur le feu et contribuent à ce que la Turquie sombre dans le chaos et la peur ", affirme le journal.

Trois semaines avant des élections législatives anticipées prévues le 1er novembre, la Turquie est au bord d'une guerre civile, estime la taz, die tageszeitung de Berlin. Comme à Diyarbakir et à Suruç de nombreux indices semblent indiquer que les auteurs de ce double attentat proviennent de la mouvance de "L'Etat Islamique". Les services secrets turcs ont longtemps collaboré avec l'Etat Islamique, affirme le journal et peut-être le font-ils aujourd'hui encore. Ainsi le reproche du chef du parti pro Kurde HDP, Demirtas, selon lequel les responsables de l‘Etat ont du sang sur les mains et seraient, au moins indirectement, responsables de ce dernier attentat, est compréhensible. Si cette interprétation est ressentie comme une vérité par les Kurdes vivant en Turquie alors, redoute la taz, l‘attentat d‘Ankara risque de mettre le feu aux poudres et de gravement renforcer le conflit entre la guérilla kurde du PKK et l'Etat turc.

Pour le quotidien Neue Presse, "les terroristes ont réussi une chose: déstabiliser encore plus un pays qui se trouve dans une profonde crise identitaire. Les fossés entre le parti islamo-conservateur AKP d'Erdogan et l'opposition sont déjà profonds. En juin dernier, le parti pro kurde HDP avait pour la première fois réussi à entrer au Parlement. Depuis, le président Erdogan travaille systématiquement à présenter les partisans du PKK comme étant proches des terroristes de l'Etat Islamique. Tout cela ne fait que renforcer le climat de méfiance dans le pays. Le journal de Hanovre se demande comment des élections pacifiques et reconnues par tous pourraient, dans ces conditions, se tenir le 1er novembre et conclut : c'est un mystère ! "

Türkei Präsident Recep Tayyip Erdogan mit Ministerpräsident Ahmet Davutoglu
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan (à g.) et son Premier ministre Ahmet DavutogluImage : picture alliance/AP Images/Presidential Press Office
Türkei Selahattin Demirtas Pressekonferenz
Selahattin Demirtas, co-président du HDP ,(Parti Démocratique des Peuples) parti turc pro-Kurde à Diyarbakir (Le 9 Septembre 2015)Image : Reuters/S. Kayar