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La valse des présidents au Palais de la Renaissance à Bangui

Reliou Koubakin
22 janvier 2020

Le chef de l'Etat actuel a reçu ses trois prédécesseurs et se positionne pour l'élection présidentielle de décembre.

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Faustin Archange Touadéra en 2013.
Faustin Archange Touadéra en 2013.Image : picture-alliance/AP Photo/B. Curtis

"Le choix du timing est important" (Alphonse Zozime Tamekamta)

Les choses bougent depuis quelques temps au Palais de la Renaissance à Bangui en Centrafrique. En moins d’une semaine, le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra a reçu les anciens présidents Catherine Samba-Panza et François Bozizé. Il y a dix jours, il avait aussi rencontré l’ancien chef de l’Etat Michel Djotodia.

Même s’il n’y a eu aucune déclaration à l’issue de la rencontre ce mardi 21 janvier entre M. Bozizé et M. Touadéra, il est probable que l’élection présidentielle de décembre prochain ait été abordée. Cela a d’ailleurs sans doute aussi été le cas avec Mme Samba-Panza vendredi dernier et M. Djotodia il y a plus d’une semaine.

La présidentielle dans les têtes

Le politologue Germain Hervé Mbia-Yebega, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela de géopolitique en Afrique centrale pense que les retours de M. Bozizé et M. Djotodia ne sont pas le fruit du hasard. Le président Touadéra pourrait en effet préparer une nouvelle candidature.

"Il y a d’une part la responsabilité que l’actuel chef de l’Etat a de travailler au retour à la paix. D’autre part, il y a la projection pour lui-même, puisque celui-ci n’a pas dit qu’il ne serait pas candidat », insiste le politologue.

Des jeux d’alliance sont possibles entre ces quatre personnalités. La candidature d’un des anciens dirigeants qui restent tous assez populaires en Centrafrique n’est pas non plus exclue.

De nombreux groupes armés

Politiquement, M. Touadéra se pose en rassembleur et en prôneur de paix à moins d’un an du scrutin en rencontrant notamment M. Bozizé, leader politique, proche des anti-balaka, et aussi M. Djotodia, leader politique et militaire.

"Le choix du timing est important. Je pense en réalité qu’il veut s’attirer d’abord la sympathie de ces anciens dirigeants et aussi éventuellement réussir à rallier à sa cause leurs militants de base", explique Alphonse Zozime Tamekamta, chercheur associé au Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (Grip). Il prévoit un impact positif plus tard et peut-être des accords de paix entre le gouvernement et des mouvements de chefs rebelles.

Certains doutent toutefois que ce genre de rencontre ait un impact réel sur la question sécuritaire. Le pays est en effet soumis à la présence d’une trentaine de groupes armés et Faustin Archange Touadéra ne contrôle pas toute l’étendue du territoire.

L'insécurité persiste

Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, voit en ces rencontres des discussions politiques qui n’ont aucun impact sur la sécurité :

"Au moment où je vous parle, la ville de Birao est en feu. On a dénombré plus de 20 morts hier des suites des affrontements dans cette localité. Au moment où il recevait le président Bozizé, il y a eu des massacres à Birao. Est-ce que le fait de recevoir les anciens chefs d’Etat rassure les défenseurs des droits de l’homme pour dire que la paix va revenir ? Nous nous posons vraiment la question."

L’activiste des droits de l’homme se demande si une élection présidentielle peut se tenir dans ces conditions.

Les anciens dirigeants ont certes prôné la paix au cours de leurs différents échanges avec le président actuel.  Mais l’accord politique pour la paix et la réconciliation signé le 6 février 2019 à Bangui par le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, reste l’objet de nombreuses critiques.

"Le choix du timing est important" (Alphonse Zozime Tamekamta)

Faustin Archange Touadéra en 2013.
Faustin Archange Touadéra en 2013.Image : picture-alliance/AP Photo/B. Curtis