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L'abandon du nucléaire en question

Anne Le Touzé27 octobre 2005

La sortie du nucléaire : un point sensible dans les négociations de la grande coalition en Allemagne. La confédération des industriels allemands (BDI) et les lobbys énergétiques réclament en effet de rallonger les délais d’exploitation des centrales nucléaires dans le pays. Un appel qui fait écho aux promesses de campagne de la droite allemande, et surtout qui est relégué par deux grands syndicats allemands, celui de l’énergie et celui des services publics. Le SPD, qui a fait campagne pour poursuivre l’abandon du nucléaire, est intransigeant sur la question. Pour l’instant. Réactions de la presse allemande :

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Selon la loi sur la sortie du nucléaire votée en 2000, les centrales allemandes ont une durée de vie de 32 ans maximum, l'objectif, à long terme, étant d'abandonner complètement le nucléaire. Trop court, selon les industriels et la droite allemande
Selon la loi sur la sortie du nucléaire votée en 2000, les centrales allemandes ont une durée de vie de 32 ans maximum, l'objectif, à long terme, étant d'abandonner complètement le nucléaire. Trop court, selon les industriels et la droite allemandeImage : AP

Au cours du débat qui l’avait opposé à Angela Merkel pendant la campagne électorale, rappelle la Tageszeitung, le chancelier Schröder avait défendu la politique énergétique de son gouvernement avec une verve qu’on ne lui connaissait pas. Une énergie qui allait de pair avec les affiches de campagne de son parti, qui plaidaient pour « l’abandon du nucléaire ». Mais avec cette nouvelle offensive, le SPD tiendra-t-il bon, se demande la taz ? Quatre signes laissent bon espoir : premièrement, le SPD est obligé de tenir ses promesses car le traité de coalition doit être approuvé par le congrès du parti. Un aspect dont la CDU/CSU est consciente, c’est pourquoi – deuxième signe – les conservateurs n’insistent plus trop sur la question, surtout depuis que les lobbys énergétiques ont rejeté l’éventualité d’une baisse des prix de l’électricité en cas de rallongement des délais d’exploitation des centrales nucléaires. Troisième signe : l’industrie est depuis longtemps entrée dans l’ère post-atomique. Enfin, l’abandon du nucléaire est, d’un point de vue économique et politique, justifié et intelligent : car bien avant les réserves en gaz et en pétrole, ce sont les réserves en uranium qui viendront à manquer.

Les sociaux-démocrates se battront donc bec et ongles pour garder ce résidu de la coalition rouge-verte, c’est également ce que prévoit la Frankfurter Rundschau. Le SPD l’a encore réaffirmé, la position du parti est « sans appel ». Et pourtant la pression est énorme, le SPD en est conscient. Car en plus des attaques de la CDU, voici une offensive menée conjointement par les lobbys industriels et énergétiques et les syndicats. Et le plus incroyable dans cette affaire, relève la Frankfurter Rundschau, c’est que le chef du syndicat Ver.di, Frank Bsirske, qui est un Vert, et défenseur jusqu’à maintenant de la sortie du nucléaire, se retrouve parmi les signataires. Cela promet des remous internes, conclut la Frankfurter Rundschau.

Enfin, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, rappelle pour sa part que contrairement aux idées reçues, c’est au SPD et non aux Verts que l’on doit la loi sur la sortie du nucléaire en 2000. Une Allemagne sans nucléaire, un vœu de longue date des sociaux-démocrates – il figurait déjà en 1986 dans les grandes lignes du parti – et concrétisé par Gerhard Schröder. Il est donc tout à fait illusoire, poursuit la FAZ, de croire qu’une grande coalition sans les Verts abandonnera cette loi. Les lobbys et les syndicats qui plaident à présent pour un rallongement de la durée d’exploitation des centrales nucléaires avaient sans doute misé sur un changement complet de gouvernement. Auprès d’un gouvernement noir-jaune, les revendications auraient enfoncé une porte déjà ouverte, conclut la FAZ.