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L'AfD divisée sur fond d'affaire Kalbitz

18 mai 2020

Dans le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), deux grands courants s'affrontent: faut-il "dédiaboliser" le parti ou durcir sa ligne politique ? L'exclusion d'Andreas Kalbitz relance le débat.

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Andreas Kalbitz AfD
Image : picture-alliance/dpa/R. Hirschberger

L'AfD n'est plus qu'une "épave", une "ruine". Ces mots forts sont ceux employés par Markus Söder, le chef de la CSU bavaroise, pour désigner l'Alternative pour l'Allemagne.

Le parti d'extrême droite traverse en effet une crise interne. L'exclusion (vendredi 15.05.2020) d'un responsable régional du Brandebourg, Andreas Kalbitz, qui avait caché son passé néonazi, relance les débats sur la direction que veut prendre le parti au niveau national. 

Andreas Kalbitz exclu pour avoir tu ses liens avec les néonazis

AfD-Anhänger in Brandenburg
Un partisan de l'AfD suit un discours de l'AfD sur son smartphoneImage : picture-alliance/dpa/P. Pleul

D'abord les faits : Andreas Kalbitz était jusqu'il y a quelques jours le président du groupe parlementaire de l'AfD dans le Brandebourg. Mais Andreas Kalbitz vient d'être exclu de l'AfD à cause de ses contacts passés – et non déclarés lors de son adhésion en 2013 - à des mouvements néonazis désormais interdits par la loi.
Encore des soutiens de poids en interne

L'exclusion d'Andreas Kalbitz ne satisfait pas tout le monde au sein de l'AfD. 18 des 21 députés régionaux du Brandebourg ont voté pour qu'il soit réintégré à leur groupe, en dépit de son exclusion au niveau national.

Même si Andreas Kalbitz affirme ne pas vouloir fonder son propre mouvement politique, Alexander Gauland, président d'honneur de l'AfD, continue  aussi de le soutenir, allant jusqu'à déclarer que la décision de son exclusion est "mauvaise et dangereuse pour le parti." Alexander Gauland sait bien que dans les Länder de l'Est, les discours radicaux de l'aile dure de l'AfD ont permis au parti d'enregistrer de gros succès électoraux.

Dédiabolisation ou radicalisation?

D'autres membres des instances dirigeantes du parti, comme Jörg Meuthen, veulent toutefois "faire le ménage" et débarrasser l'AfD de ses éléments les plus radicaux, afin de la "dédiaboliser" - un peu comme l'a fait Marine Le Pen à son arrivée à la tête du Front National en France dans les années 2000.

Thomas Noetzel enseigne les sciences politiques à l'université de Marbourg. Il confirme la présence de divisions entre les antennes de l'AfD dans les Länder de l'Ouest et de l'Est. Dans l'ensemble, explique-t-il, les positions du parti sont plus radicales à l'Est, bien que le professeur souligne aussi les points de vue extrémistes de l'AfD dans le Schleswig-Holstein, en Sarre ou en Bavière (Länder de l'Ouest).

Il confirme cependant que les divisions ne pas géographiques : elles sont bien tactiques et idéologiques. Thomas Noetzel nous déclare qu'en effet, "la situation est comparable à celle du Front national : sur le long terme, l'AfD ne pourra jouer de vrai rôle sur la scène politique que si elle modère ses positions et reste un allié de coalition possible pour les chrétiens-démocrates de la CDU".

Or, pour le professeur Noetzel, "cela n'est pas possible tant que certaines positions populistes-nationalistes ont cours au sein du parti, qui rappellent les positions antidémocratiques et fascisantes de l'Allemagne des années 1920-1930."

Deutschland Bürgerschaftswahl in Hamburg Stimmenauszählung
Image : picture-alliance/dpa/G. Wendt

Un possible rebond après une scission

Thomas Noetzel croit que le "potentiel" de l'AfD est malgré tout loin d'être épuisé et que le parti n'est pas "en ruines", comme le prétend le chef de la CSU.

"Je ne pense pas que l'AfD touche à sa fin. Le potentiel social pour ce type de politique populiste de droite est trop fort pour cela. Cependant, une division du parti semble possible. Mais je pense aussi que c'est peu probable. Je crois plutôt à une séparation de l'aile plus conservatrice. "

Le professeur de Marbourg pense qu'une fois que l'aile plus "conventionnelle" du parti aura opéré sa scission, l'aile plus extrémiste et xénophobe, elle, continuera à se radicaliser.

Nouvelle percée de l'AfD en Allemagne