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L'Allemagne épinglée à Strasbourg

14 janvier 2011

Les journaux commentent entre autre le jugement rendu par la Cour européenne des droits de l'Homme sur les peines de sûreté en Allemagne, ainsi que le vent de révolte qui souffle sur la Tunisie.

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Image : DW / Maksim Nelioubin

La Cour européenne de Justice, rapporte Die Welt, a une nouvelle fois donné raison à des auteurs de crimes sexuels à propos de leur détention de sûreté. Le prolongement de la détention avait été décidé sur la base d'expertises psychiatriques non pas au moment du procès, mais alors que les criminels étaient déjà incarcérés. Les juges de Strasbourg ont estimé qu'il y avait là violation du droit à la liberté et condamné l'Allemagne à verser des dommages-intérêts à trois des plaignants. On pourrait être choqué par un tel verdict, reconnaît le journal. Mais ce serait une erreur. La convention européenne des droits de l'Homme, dont l'Allemagne est signataire, interdit l'incarcération sans jugement. Laisser l'Etat décider rétrospectivement de maintenir en détention un criminel jugé trop dangereux ouvre la porte à d'autres pratiques arbitraires.

Pour la Süddeutsche Zeitung, ce jugement est une remise en question de la culture, ou plutôt de la « non-culture » de l'enfermement, qui a longtemps servi de placebo à la politique sécuritaire. Et il était temps, estime le journal : répondre au souci de sécurité par l'enfermement systématique n'est pas digne d'un Etat de droit.

Tunesischer Präsident Zine El-Abidine Ben Ali
Le président tunisien Ben AliImage : picture-alliance/dpa

La SZ commente par ailleurs le vent de révolte qui souffle sur la Tunisie et, depuis cette semaine, sur l'Algérie. Du pain et du travail, c'est ce que réclament les jeunes chômeurs. Et l'on craint un effet domino sur l'ensemble de la région proche-orientale : la situation est tendue au Koweït, mais aussi en Arabie saoudite et en Jordanie.

Les régimes autoritaires, la croissance des populations et le manque de perspective constituent un mélange explosif, estime pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Sous le président Ben Ali, la Tunisie est devenue le Bélarus d'Afrique du Nord. La presse est muselée comme nulle part ailleurs au Maghreb. La critique est quasiment impossible. Et la manière dont sont intimidés les intellectuels tunisiens rappelle les grandes heures du bloc de l'Est. Pour la FAZ, il n'y a rien à attendre de Ben Ali en terme de démocratisation.

La tageszeitung, enfin, souligne l'apparition soudaine dans la presse tunisienne, jeudi, de récits sur les manifestations. Tout à coup, les journaux publient des photos de maisons qui brûlent et font un décompte détaillé des différents foyers d'agitation. Qu'on se rassure : les médias ne sont pas devenus plus libres. Le message diffusé par la presse est que le président Ben Ali a la situation bien en main et que, contrairement à l'antique Carthage, la Tunisie ne sera pas réduite en cendres.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Philippe Pognan