1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Génocide des Hereros : des ossements rendus à la Namibie

Clarissa Herrmann
29 août 2018

Lors d'une messe commémorative ce mercredi à Berlin, l'Allemagne va rendre à la Namibie des ossements datant de l'époque coloniale. Un signe de bonne volonté toutefois critiqué par les communautés héréro et nama.

https://p.dw.com/p/33vhV
Deutschland Gedenkgottesdienst in Berlin für die Opfer des Völkermordes in Namibia
Image : Imago/epd

Un génocide longtemps passé sous slience

Les ossements avaient été envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial, après le génocide de dizaines de milliers d'Héréros et Namas au début du XXe siècle. La cérémonie est pourtant critiquée par les représentants de ces deux communautés. 

Des troupes allemandes à l'eouvre 
Il est considéré comme le premier génocide du XXe siècle. Il a pourtant longtemps été passé sous silence : entre 1904 et 1908, près de 80.000 Héréros et Namas sont massacrés par les troupes de l’empire colonial allemand.

Namibia Frauen des Herero Volkes
Image : picture-alliance/AP Photo/

C’est seulement en juillet 2015 que le ministère allemand des Affaires étrangères reconnaît officiellement que cette guerre d’extermination fut un crime de guerre et un génocide. Mais la réconciliation est toujours en cours et les associations des victimes attendent toujours une excuse officielle de l’Allemagne. 

Par ailleurs, ils critiquent l’exclusion des représentants des associations de victimes Héréros et Namas et divers groupes de la société civile à la messe commémorative qui a lieu ce mercredi à Berlin.

L’argument officiel des gouvernements des deux pays est que les deux ethnies seraient également représentées dans la délégation officielle namibienne.

Reconnaissance tardive...

 Esther Muinjangue, présidente de la fondation Ova Herero Genocide explique qu'"à l’époque, il n’y avait pas de gouvernement namibien. C’étaient des communautés dirigées par des chefs traditionnels. Et les troupes allemandes les avaient reconnus en tant que tels et avaient signé des contrats avec eux."

Berlin - Staatsministerin Müntefering empfängt Herero und Nama
Image : picture-alliance/dpa/B. v. Jutrczenka

Travail sur l'histoire

En Allemagne, le processus est également critiqué. Dans le nouveau traité de coalition, on parle du passé colonial allemand. Mais Henning Melber, expert de cette époque, est déçu par l'attitude du gouvernement. "Quand on lit ce traité de coalition, on est d’abord sidéré par le fait que ce gouvernement se consacre au thème du colonialisme d’une façon jusqu’à présent inédite. Mais quand on poursuit la lecture avec cette attente en tête, alors on est déçu. Car on y parle essentiellement de rapatriement de biens culturels," souligne l'expert.


Par ailleurs, Berlin refuse de payer des réparations financières et met en avant les centaines de millions d'euros d'aide au développement versés à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du Sud en 1990.

L’alliance “Völkermord verjährt nicht” – un génocide ne se prescrit pas – a donc annoncé des manifestations à Berlin et Leipzig pour ce mercredi.