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L'Arabie Saoudite plus que jamais présente en Afrique

Carole Assignon
7 novembre 2017

L'Arabie Saoudite étend son réseau en Afrique. Une présence qui se traduit par un poids idéologique et religieux croissant alors même que le royaume doit s'atteler à des réformes.

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Saudi Arabien | Muslimische Gläubige beten in der Pilgerstätte Mekka
Image : REUTERS/S. Salem

Ils construisent des mosquées, des écoles islamiques et des hôpitaux dans les régions les plus pauvres d’Afrique. Ils accordent des bourses à des prédicateurs pour des études de théologie dans les pays du Golfe.

En Arabie Saoudite, les organisations religieuses aussi bien que les particuliers utilisent leurs fonds pour exporter le wahhabisme et son idéologie salafiste sur le continent africain. 

Pendant des siècles, il y a eu des liens économiques et religieux étroits entre les États arabes et africains. Avec l'augmentation des revenus tirés des exportations de pétrole et de gaz, l'engagement des Etats arabes, en particulier l'Arabie Saoudite, dans le Sahel, a augmenté. 

Cet engagement n’est toutefois pas sans conditions. Par exemple, les imams sénégalais sont formés en Arabie Saoudite pour prêcher chez eux un islam particulièrement conservateur voire rigoriste. Mouhamed Ndiaye est marabout et chef spirituel d'une confrérie soufie islamique à Dakar:" C'est une radicalisation à travers les mots, ce sont des discours très pointus sur notre islam et ceux-ci sont les précurseurs du danger. Chaque révolte a commencé comme ça. C'est un volcan qui gonfle sous la surface et menace d'éclater à tout moment" explique t'il.

König Salman Bin Abdul Aziz Al Saud und Kronprinz Mohammed Bin Salman Al Saud
Le prince Mohammed, 32 ans, fils du roi Salmane (81 ans) ne cesse de consolider son pouvoir au milieu de changements économiques et sociaux inédits.Image : picture-alliance/abaca/B. Press

L'Afrique, un marché d'investissement

En raison du manque de perspectives et du chômage élevé des jeunes, les salafistes arrivent facilement à les endoctriner. Mais selon Jens Heibach, spécialiste de l’Arabie Saoudite à l'Institut allemand pour les Etudes mondiales et régionales (GIGA) à Hambourg, le prosélytisme n'est plus le seul but des Saoudiens en Afrique: "L'Afrique est de plus en plus perçue comme un marché d'investissement et de vente pour les produits saoudiens. Ce que nous savons, c'est que la famille royale saoudienne tente de lutter contre la promotion des organisations terroristes en Afrique car cela menacerait la sécurité de la dynastie au pouvoir", analyse-t-il.

Or cette tâche reste relativement difficile. Bakary Sambe, professeur d'études religieuses à l'Université Gaston Berger du Sénégal, espère que la libéralisation promise par l'Arabie Saoudite aura également un effet positif sur l'Afrique. "Cela aura des conséquences majeures, dit-il, cela va adoucir la position des mouvements wahhabites et salafistes qui n’afficheront plus leur anti-confrérisme, mais cela changera aussi la coopération avec l'Arabie Saoudite."

Bakary Sambe craint toutefois qu'il y ait des groupes, de jeunes notamment, en Arabie Saoudite et au Sénégal, qui puissent s'opposer au changement et se rebeller en répandant l'islam salafiste.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique