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Large victoire d'Ennahda en Tunisie

28 octobre 2011

Selon les résultats officiels, le parti islamiste obtient 90 sièges sur 217 dans l'Assemblée constituante, devant les quatre principales formations de gauche. Le gouvernement pourrait être formé dans les dix jours.

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Rachid Ghannouchi, le nouvel homme fort de la TunisieImage : AP/dapd

Le parti islamiste Ennahda a largement remporté les élections du 23 octobre. Dès jeudi soir à Tunis, le chef du parti, Rachid Ghannouchi, a tenu à rassurer sur ses intentions : "Nous allons continuer à réaliser les objectifs de la révolution dans une Tunisie libre, indépendante, développée et prospère et où tous les droits sont garantis : ceux du Prophète, ceux des femmes, des hommes, des croyants et des non-croyants, car la Tunisie est pour tout le monde."

Mohamed Ghannouchi a réitéré vendredi son "engagement envers les femmes de Tunisie" et tendu la main aux autres formations politiques pour "construire un régime démocratique". Il se dit prêt à former un gouvernement de coalition avec tous les partis qui ont été dans l'opposition de Ben Ali. Il faut dire qu'avec 41% des voix (ce qui ne constitue pas la majorité absolue), le parti islamiste va devoir s’allier avec les deux principales formations de la gauche tunisienne : le Congrès pour la République et Ettakatol qui obtiennent respectivement 14% et 9% des voix. Les tractations entre les partis ont commencé.

Tunesien Demonstration in Tunis gegen Wahlergebnis Plakat
La victoire d'Ennahda ne fait pas que des heureuxImage : dapd

Les députés de l'Assemblée constituante sont chargés de rédiger une nouvelle Constitution et organiser les premières élections présidentielle et législatives de l'après-Ben Ali.

Violences post-électorales

Dans le même temps, un couvre feu a été ordonné à Sidi Bouzid, dans le centre du pays, où des violences ont éclaté, peu après l’annonce des résultats. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés jeudi soir et vendredi dans cette ville symbole de la révolution tunisienne, d’où était partie la contestation en décembre 2010. Ils protestent contre l’annulation par la Commission électorale des sièges remportés par la Pétition populaire du milliardaire Hechmi Haamdi dans six districts électoraux.

Une invalidation qui n’est pas une surprise puisque l’homme d’affaires avait utilisé massivement sa télévision privée basée à l'étranger durant la campagne électorale, ce qui était contraire à la loi. Il a aussitôt annoncé son retrait de l’Assemblée constituante. "Je ne peux pas donner une légitimité politique pour ce Parlement. Les votes de quelques 200 000 Tunisiens ont été annulés ou ignorés. Y compris les votes de 70% de la région de Sidi Bouzid" a déclaré Hechmi Haamdi.

Tunesien Revolution Sidi Bouzid
Sidi Bouzid, haut-lieu de la révolution tunisienneImage : DW

Il faut dire que la Pétition populaire a eu un succès inattendu lors de ces élections, devenant la quatrième force du pays. Avec son discours populiste, Hechmi Haamdi avait séduit les classes sociales les plus défavorisées, notamment dans la région pauvre de Sidi Bouzid.

Ses partisans en colère s’en sont pris aux bâtiments publics et même aux locaux d’Ennahda. Ennahda qui affirme voir dans ces nouveaux troubles "la main de l’ex RCD", le parti de Ben Ali aujourd’hui dissous. D’autres partis politiques ou journalistes avaient déjà suspecté la Pétition populaire d’être pilotée par des anciens du régime. L'armée a dispersé les manifestants avec des gaz lacrymogènes, le calme semblait revenu vendredi soir.

Auteur : Cécile Leclerc (AFP, dpa, Reuters)
Edition : Anne Le Touzé