L'art de partir au bon moment

Avis de tempête en Une de Die Welt : il s'agit non seulement des chutes de neige, qui sèment le chaos en Allemagne, mais aussi et encore du vent de fronde qui agite le FDP, le parti libéral. "Je ne quitterai pas le navire", a prévenu Guido Westerwelle ce week-end, en dépit des critiques internes. Le journal souligne que peu de personnalités réussissent à se retirer à temps de la scène politique. En s'accrochant au pouvoir, ils nuisent souvent à leur pays ou à leur parti, mais surtout à leur réputation. Guido Westerwelle serait avisé de ne pas rater le coche.

Toujours reine dans l'art de l'ironie, la tageszeitung appelle ses lecteurs à former une "chaîne humaine pour Guido". On ne peut pas laisser tomber Guido Westerwelle, explique le journal : il n'y a qu'avec lui que le FDP peut espérer passer en dessous de la barre des 5% aux prochaines élections régionales. Il n'y a que lui qui puisse garantir la défaite au parti libéral. Plus sérieusement, la taz fait remarquer qu'il ne suffira pas de couper la tête du chef pour ramener les électeurs : le concept libéral est tout simplement usé.

S'il est chassé de son parti, Guido Westerwelle pourra toujours se tourner vers une carrière... dans l'armée américaine. Le chef de la diplomatie allemande n'a jamais caché son homosexualité. Or, le Sénat américain vient de lever le tabou en vigueur dans l'armée. Curieusement, souligne la Süddeutsche Zeitung, ce bastion conservateur qu'est l'armée américaine a toujours été avant-gardiste en matière de réformes. Lorsque la discrimination raciale a été supprimée par décret présidentiel, la société civile en a profité. Selon le journal, il en sera de même avec la levée du tabou homosexuel. Et c'est une preuve que malgré un système politique sclérosé, l'Amérique est fondamentalement prête à se réformer de l'intérieur.

Angela Merkel au milieu de soldats allemands, c'est la photo choisie par la Frankfurter Allgemeine Zeitung pour sa Une. Le journal estime que la chancelière a bien fait de rendre visite avant les fêtes aux troupes déployées en Afghanistan. Angela Merkel a parlé de "guerre", une reconnaissance de la réalité du terrain sans doute bien accueillie par les soldats. Les sondages montrent que si les Allemands sont de plus en plus opposés à la participation de leur pays à la guerre en Afghanistan, ils continuent d'avoir de l'estime pour les troupes sur place. La FAZ se demande néanmoins si les objectifs poursuivis justifient les sacrifices et le deuil des familles de 45 soldats.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Marie-Ange Pioerron