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Le Bundestag rejette un texte sur le don d'organe

Reliou Koubakin
16 janvier 2020

Alors que l'opinion publique ne s'y attendait pas, le parlement allemand a rejeté un texte qui rend chaque citoyen, systématiquement donneur d'organe. Les députés privilégient le droit à l'autodétermination.

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Le parlement allemand (Bundestag)
Le parlement allemand (Bundestag)Image : picture-alliance/dpa/F. Sommer

"Le temps d'attente est long"- (un patient)

La chambre basse du parlement allemand a rejeté, jeudi (16.01.2020), par 379 voix, le projet de loi porté par le ministre de la santé Jens Spahn. 292 élus ont voté pour le texte qui prévoyait que chaque Allemand serait considéré systématiquement comme un donneur d’organe s’il n’exprimait pas expressément son intention contraire. Jusque-là, chaque donneur d’organe pouvait décider librement de faire un don s’il le souhaitait.

 

Un coeur donné
Un coeur donnéImage : picture-alliance/blickwinkel/McPHOTO

Pénurie d’organes

En Allemagne, selon un sondage qui date de 2018, plus de 80% de la population est favorable au don d’organe. Le problème est que seulement 36% ont une carte de donneur. Le texte du ministre de la Santé Jens Spahn avait pour but d’augmenter le nombre de donneurs d’organe.

Mais pour son prédécesseur au poste, du même parti CDU, la mesure n’aurait rien changé si elle avait été votée. "Le fait d’exprimer son refus pour un don d’organe ne résout pas le problème. Cela empiète même sur l’autodétermination de l’être humain. Nous n’avons pas un problème d’opinion favorable au sujet du don d’organe. Le nombre de carte de donneurs d’organe a augmenté ces dernières années de plus de 60%", a déclaré Hermann Gröhe sur la radio allemande Deutschlandfunk.

 

Une opération de transplantation
Une opération de transplantationImage : picture-alliance/KEYSTONE/G. Bally

Des patients dans l’attente

L’Allemagne est à la traîne en matière de don d’organe. Le pays se rabat, du coup, sur Eurotransplant. Au sein de cet organisme, on retrouve aussi les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, l’Autriche. Selon Eurotransplant, 9 000 patients en Allemagne ont besoin actuellement d’une transplantation. "Le temps d’attente est de plus en plus long. J’ai déjà 64 ans et la transplantation ne peut se faire que jusqu’à 65 ans. Il se peut que j’aie attendu pour rien", affirme Siegfried Richtsteig, en attente d’une greffe du cœur dans un hôpital.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de donneurs est passé de 1 220 en 2005 à 769 en 2017, avant de remonter à 932 en 2019.

L’Espagne comme modèle 

Sur un million de personnes, la moyenne est de 48 donneurs d’organe en Espagne. En Allemagne, le taux est de 11,5, selon l’OMS. La différence est qu’en Espagne, l’Etat s’occupe directement de ce problème, contrairement à l’Allemagne.

Pour Eugen Brysch, de la Fondation allemande pour la protection des patients, il faut donc un plus grand engagement de l’Etat. En Espagne et en Suisse, explique-t-il, "il y a eu un grand sursaut lorsque l’Etat a pris ses responsabilités. Il y avait une atmosphère positive parce que les gens ont vu qu’il y a un contrôle maximum et une grande transparence et qu’ils pouvaient se fier au système".

Une proposition du parti des Verts et de la Gauche a toutefois été adoptée par les députés. Celle-ci prévoit que les citoyens soient mieux informés sur le don d’organe lorsqu’ils vont chercher leur carte de donneur.