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Le Bénin, champion d'Afrique du coton... et le paysan ?

Rodrigue Guézodjè
10 septembre 2020

Avec plus de 700.000 tonnes par an, le Bénin caracole en tête des pays producteurs de coton en Afrique. Mais les paysans en tirent-ils réellement profit ?

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Un homme saute d'un camion chargé de coton (01.09.2018)
Le Bénin compte sur son or blanc pour financer sa politique de développementImage : Getty Images/AFP/S. Heunis

Le Bénin conserve son rang de premier producteur de coton en Afrique, une position qu'il occupe depuis 2018. Avec un volume record de près de 715.000 tonnes de fibre, ce pays arrive devant le Mali, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. L'arrivée au pouvoir du président Patrice Talon qui a bâti lui-même sa fortune dans le coton, explique le développement du secteur.

Descente dans le bassin cotonnier

Pour connaître les raisons qui ont valu au Bénin cette place de leader dans la production de coton, il faut rencontrer les producteurs dans le bassin cotonnier qui couvre la partie septentrionale et le centre du pays.

Lire aussi →Coup d'Etat manqué au Bénin : Qui en veut à Patrice Talon ?

Depuis quelques années, il y a eu une prise de conscience de l'intérêt de cette filière. "Sensibilisez les producteurs, faites du coton. Si vous vous produisez chacun aura son argent, on ne mange personne. On est passé par cette sensibilisation et aussi l'effort... l'effort des producteurs", insiste Yarou Tamou Djibril, producteur à Nikki, à près de 530 kilomètres de Cotonou.

Le ministre de l'Agriculture Gaston Dossouhoui pense que les progrès effectués par le Bénin sont surtout liés à l'engagement du président Patrice Talon depuis 2016. 

"La production cotonnière était auparavant de 266.000 tonnes, tout simplement parce que l'Etat était devenu l'acteur principal et il administrait le coton. Le gouvernement actuel a décidé de remettre à César ce qui est à César et on a réhabilité l'association interprofessionnelle de coton", explique le ministre.

"A César ce qui est à César"

Mathieu Adjovi : "Le paysan sait que s'il fait du coton il est payé en temps réel"

La gestion de la filière revient donc aux mains des professionnels du secteur et, en synergie avec les producteurs et les égreneurs, l'association interprofessionnelle de coton travaille sur des leviers clés dont le premier est la confiance donnée aux paysans.

Mathieu Adjovi, président de l'AIC assure que "une semaine après que le paysan a vendu son coton, il doit avoir son argent, ce qui n'existait pas avant. Donc le paysan sait que, s'il fait du coton, il est payé en temps réel. Donc l'encadrement, la fourniture des engrais à temps, le paiement à temps du producteur et surtout l'écoute des besoins des producteurs dans leur milieu".

Ce sont des facteurs d'incitation auxquels s'ajoutent l'amélioration des prix d'achat du coton et la mécanisation de la production.

Les paysans à moitié satisfaits

Les producteurs de coton se disent mieux traités que par le passé mais ils se considèrent toutefois encore lésés dans la fixation des prix des intrants.

Orou Gani Safiou est poducteur à Banikoara, à 700 kilomètres de la capitale économique, Cotonou. pour lui, "les intrants viennent en quantité et qualité, nous en utilisons à foison mais nous n'arrivons pas à influencer la fixation des prix. Nous sommes le maillon faible".

Les producteurs de coton attirent aussi l'attention des dirigeants sur la prise en compte de l'impact de l'usage à grande échelle des intrants chimiques sur leur santé et sur l'environnement.