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Le carnaval continue

Yvon Arsenijevic26 février 2004
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Le Mercredi des Cendres en Allemagne, normalement, c'est la fin du Carnaval, le début du carême, la veille du jour où la VRAIE politique reprend ses droits et où l'on peut encore se laisser aller dans les meetings politiques tenus traditionnellement ce jour-là. L'édition 2004 a légèrement dérapé, la presse écrite s'en fait l'écho, Yvon Arsenijevic. Rustres, dilettantes, voleurs... Provocateurs, hypocrites, frimeurs... Enragés, lâches, minables... Bousilleurs, fumiers, saletés et populistes... C'est fou, écrit la BADISCHE ZEITUNG, fou ce qu'on peut entendre quand des personnalités officielles, bien dotées, bien habillées, avec chauffeur et limousine, prennent la parole le Mercredi des Cendres. Et encore, ajoute notre confrère, n'est-ce là qu'un florilège de ce que les responsables politiques se sont lancé à la tête hier sous les applaudissements nourris de leurs supporters. À propos d'applaudissements - la OSTSEE ZEITUNG, tout en appréciant le « divertissement » offert par ce genre de meetings, s'inquiète quand Edmund Stoiber, le patron de la CSU bavaroise, fait acclamer son refus catégorique de l'adhésion turque à l'Union Européenne. Le signe, selon le journal de Rostock, que l'opposition jouera bel et bien cette carte-là dans les élections à venir. Et comme cela a déjà fonctionné (en Hesse par exemple), il y a des expressions dans ces discours corsés du Mercredi des Cendres qui peuvent laisser songeur conclut notre confrère. Il y a une chose, écrit de son côté le HANDELSBLATT, que les fortes paroles entendues à Passau (CSU), Biberach (les Grünen) ou Vilshofen (SPD) ou Demmin (CDU) ne peuvent pas dissimuler : c'est la perte de soutien de l'élite politique dans la population, une diminution que le journal de Düsseldorf qualifie d'angoissante et qu'il compare à la perte de confiance qui suit un krach boursier. La SÄCHSISCHE ZEITUNG va même plus loin : le citoyen lambda, écrit le journal de Dresde, est dégoûté par ces hercules de foire dont les fanfaronnades manquent de substance politique. Quant à notre confrère de la MITTELBAYERISCHE ZEITUNG, de Ratisbonne, il se demande si on a vraiment besoin d'un tel folklore politique par les temps qui courent. Peut-on utiliser un vocabulaire aussi grossier pour donner une vision d'avenir à une population qui sent sur elle-même l'étroitesse du costume que la politique lui taille ? S'agit-il d'avoir la maîtrise du ciel au-dessus des comptoirs ou bien d'élaborer des concepts sur une base aussi large que possible ? Question que pose le journal aussi à tous ceux qui hier se sont purement et simplement traités d'idiots.