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Le contrôle d'internet reste aux Américains

Anne Le Touzé17 novembre 2005

Depuis le lancement d'internet, c’est l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), une organisation californienne à but non lucratif, qui est responsable de l’attribution et de la gestion des adresses du net. L’Union européenne et les pays du Sud souhaitaient sortir du monopole américain et instaurer un contrôle international. Ils devront se contenter d’un compromis. L’accord adopté par les 170 pays participants prévoit en effet la création d'un « forum » international destiné à discuter des questions relatives à l'internet, un forum qui pourra adresser des recommandations à l’ICANN, mais celle-ci garde le contrôle des domaines. Commentaires de la presse allemande:

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Dans la plupart des pays en développement, l'accès à internet n'est possible que dans les cybercafés.
Dans la plupart des pays en développement, l'accès à internet n'est possible que dans les cybercafés.Image : AP

Selon la Frankfurter Rundschau, il est compréhensible que les Européens aient souhaité remettre en cause le pouvoir américain. L’ICANN est sous la tutelle de Washington, en cas de conflit, c’est le gouvernement américain qui a le dernier mot. Et les décisions qui touchent la gestion de l’internet peuvent avoir d’importantes répercussions politiques et économiques, rappelle le quotidien. Comme par exemple la censure des domaines qui se terminent par « .de » (suffixe des sites allemands). Néanmoins, estime la Frankfurter Rundschau, on peut se réjouir du compromis adopté hier. Maintenant que le combat de coqs est terminé, le sommet va enfin pouvoir s’atteler à une question bien plus importante : comment réduire la fracture numérique.

La Tageszeitung voit dans le forum un moyen privilégié d’assurer la transparence et une participation démocratique sur des questions qui sont devenues essentielles pour la majorité de la population mondiale. Cependant, relève le quotidien, le forum devra faire face à un défi énorme : endiguer l’influence des régimes répressifs sur l’administration du net. Et il n’est pas sûr que cela soit possible. De nombreux pays ont déjà prouvé le peu de cas qu’ils faisaient de la liberté de communication : contrôle des forums de discussion, barrières multiples à l’installation d’une connexion internet ou encore blocage de l’accès à certains sites. Et le quotidien de citer la participation active d’entreprises indépendantes à la censure : des firmes américaines qui créent des outils permettant un contrôle plus aisé, ou encore le cas de Yahoo qui avait communiqué le nom d’un internaute critique aux autorités chinoises. Résultat : 10 ans de prison pour le journaliste Shi Tao.

Pour la Süddeutsche Zeitung une généralisation de l’internet dans ces pays rendrait son contrôle plus difficile par les autorités. Le quotidien rappelle que seulement 3% des Africains ont accès à internet, contre plus de la moitié des Allemands. Et que la capacité de développement d’un pays dépend de l’accès de ses habitants à l’information. La volonté des pays riches d’aplanir pour les pays pauvres le chemin de l’internet doit se refléter dans la question du pouvoir. En cela, la création du forum de discussion est une bonne chose, car il donne la possibilité aux pays en développement de s’exprimer. Toutefois, il ne doit être qu’une première étape dans le processus.