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Le « débat sur le capitalisme »

Yvon Arsenijevic28 avril 2005

Non au primat de l’économie sur la politique, non au principe de la maximisation du profit, non aux délocalisations sauvages, non aux réductions d’emplois d’un côté et aux bénéfices mirobolants de l’autre – c’est une charge peu commune contre le « capitalisme » que le chef de file du parti social démocrate allemand, Franz Müntefering a récemment lancé, déclenchant un débat qui anime aussi les pages des journaux.

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Le chef de file du SPD, Franz Müntefering, initiateur du « débat sur le capitalisme ».
Le chef de file du SPD, Franz Müntefering, initiateur du « débat sur le capitalisme ».Image : dpa Zentralbild

À la une de la TAGESZEITUNG, le pourfendeur de capitalistes Franz Müntefering, fait ainsi un très beau « Saint François des abattoirs » (allusion bien sûr à une célèbre pièce de Bertold Brecht – Sainte Jeanne des Abattoirs ») : un patron du SPD en tenue de boucher aiguisant un long couteau et qui « ne veut plus de travailleurs sous-payés venus de l’Est dans les abattoirs allemands » précise le journal de Berlin.

Restons dans les images : le président social-démocrate avait parlé des « criquets capitalistes qui fondent sur les entreprises pour les dépouiller de leurs actifs et puis s’en vont.

Celui qui dit cela, rétorque la BILD-ZEITUNG, ne fait pas peur aux criquets mais à l’argent.

Le débat, selon le HANDELSBLATT, est né de simples préoccupations électorales, suivant la formule « le parti avant le pays », insiste le journal de Düsseldorf, et cela le rend « nocif pour l’Allemagne ».

Tactique électorale, oui, confirme la FRANKFURTER RUNDSCHAU, mais pour ajouter qu’il est tout à fait légitime que les sociaux-démocrates et les Verts pensent également à leur avenir quand ils légifèrent.

Le débat est en tout cas lancé, tellement bien même qu’il vole de ses propres ailes, constate pour sa part la THÜRINGISCHE LANDESZEITUNG. Mais si le journal de Weimar estime qu’il était nécessaire, ce débat, puisque beaucoup affublent déjà d’un gros point d’interrogation l’adjectif « social » dans la formule « économie sociale de marché », il émet aussi une mise en garde : attention de « ne pas mettre toute l’économie dans le même sac » car « la plupart des industriels allemands sont réellement conscients de leurs responsabilités en matière d’emploi. »

La SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, à Munich, trouve certes quelque chose d’« exaltant » dans la charge anti-capitaliste de Franz Müntefering mais pas de réponse aux questions qui sont posées, et notamment celle-ci : « Quelles mesures ont été prises pour faire de l’Europe une communauté de protection contre le dumping salarial et le chômage ? »

Ce qu’il y a d’intéressant dans ce débat sur le capitalisme, notent de leur côté les NÜRNBERGER NACHRICHTEN, c’est que son initiateur trouve de plus en plus de « compréhension » dans le camp des industriels. « Le capitalisme n’est ni bon ni mauvais », écrit encore notre confrère : « Il suit la règle du profit, et c’est à la politique de lui indiquer la voie sociale. »