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Le football au service de l'intégration

Yann Durand / Nadja Baeva30 juin 2011

Le programme "Fußball ohne Abseits" ("football sans hors-jeu") a pour objectif de promouvoir l’intégration sociale des filles issues de l'immigration par le biais du ballon rond.

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"Fußball ohne Abseits". Les petites footballeuses de l'école primaire de Neuessen et leur monitriceImage : Neuessener Schule

Le football féminin est à l’honneur en Allemagne, à l'occasion de la Coupe du monde sur son sol. Mais l’engouement des filles pour ce sport ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 2006, lorsque l’Allemagne accueillait le mondial masculin, des scientifiques de l’Université d'Osnabrück ont initié le projet : "Fußball ohne Abseits". Dans le cadre de ce programme, des ateliers de football ont été mis en place dans les écoles primaires à l’adresse des petites filles issues de l’immigration. Une quarantaine de villes en Basse-saxe, à Brême et en Rhénanie du Nord-Westphalie se sont ralliées à cette cause.

Intégrer par le football

Fußball ohne Abseits – Projekt für Mädchen mit Migrationshintergrund
Les filles s'en donnent à coeur joie!Image : Universität Oldenburg

Sur la pelouse, 14 élèves de l'école primaire de Neuessen courent derrière le ballon, dribblent et passent avec application. Depuis deux ans, ces élèves de CM1 prennent part à l’entraînement une fois par semaine. À l'instar de Zeliha qui, à neuf ans, ne cache pas son plaisir. "Je joue parce que je dois perdre un peu de poids et que je m’amuse bien. Et puis on fait partie d’un groupe." affirme la fillette dont les parents sont originaires de Turquie. D'ailleurs, parmi les 14 participantes à l’atelier football de l’école, 10 sont issues de l’immigration. Et cela n'est pas dû au hasard puisque la composition multiculturelle de l’équipe correspond à la structure de la population dans ce quartier de Essen, l’une des grandes villes de la Ruhr, le bassin houiller de l’ouest de l’Allemagne. "Nous souhaitons particulièrement intégrer par le football, les filles dont l’histoire est liée à l’immigration. Le football, en tant que sport collectif, est extrêmement favorable au développement de compétences sociales : on peut y faire des expériences en groupe, ensemble on vit des victoires et des défaites. Le tout est organisé en étroite collaboration avec des clubs de football afin que les filles puissent déjà se familiariser avec les structures et aient l’opportunité de disputer des tournois." C'est ce qu'explique Katharina Althoff de l’université Duisbourg-Essen, une des coordinatrices de l'initiative sur le plan national.

Mädchenfußball
Image : picture alliance

Il faut commencer tôt

Le projet d’intégration des filles par le football s’adresse à des élèves du primaire. Car selon Inga Jürgen, l’animatrice de l’atelier dans cette école, plus on commence tôt à faire du sport mieux c’est. l'étudiante en sport de 23 ans de l’université de Essen a elle-même joué en première division dans un club de la ville. Elle sait à quel point l'offre est salutaire pour ses protégées: "Les enfants viennent avec beaucoup d’enthousiasme parce que la plupart à la maison n’en ont pas la possibilité. Que ce soit en raison de problèmes financiers, qui ne permettent pas une inscription dans un club, ou parce que les parents leur interdisent de participer à une activité en compagnie de garçons. D’autant que l’entraîneur aussi peut être un homme... Cela fait beaucoup de difficultés ! En revanche, dans le cadre de l’école, les parents acceptent cela très bien et ils souhaitent même que les enfants y aillent et fassent du sport."

L’école primaire de ce quartier de Essen est l’un des 40 établissements qui accueillent le projet « Football sans hors-jeu ». Le programme est suivi scientifiquement par les universités de Osnabrück, Oldenbourg et Duisbourg-Essen. Les gouvernements régionaux finance l’initiative. Et tous ces ateliers de football intégratif sont pleins car l’engouement parmi les jeunes filles est immense. Et Thomas Kriesten, le directeur de l’école primaire de Neuessen est le dernier qui s'en plaindrait! "Au début il y avait beaucoup de réserve, les gens se posaient des questions : football et filles ?... Aujourd’hui je vois avec quel entrain les filles viennent. Et d’autres qui étaient pourtant sceptiques demandent à présent sans arrêt si elles peuvent également participer."

Les préjugés disparaissent

Fußball ohne Abseits – Projekt für Mädchen mit Migrationshintergrund
Lorsque la victoire est au bout!Image : Universität Oldenburg

L’entraînement et le succès lors des tournois rayonnent sur d’autres domaine de la vie quotidienne : les filles prennent de l’assurance et obtiennent beaucoup plus de reconnaissance au sein de l’établissement, de leur entourage et même de plus en plus au sein de leurs familles. En effet la participation active à l’atelier de football n’est qu’un début et mène souvent à une transformation en profondeur affirme la coordonatrice Katharina Althoff : "On entend régulièrement parler de belles histoires : De filles qui n’avaient pas le droit d’aller en club parce que leurs parents le leur interdisaient… Avec le temps on a fini par les convaincre et elles se sont finalement inscrites et la famille les soutient. Lorsqu’ils voient pour la première fois la fille participer à un tournoi et qu’elle marque un but… Toute la famille crie de joie et en général tous les préjugés disparaissent."

C'est justement l’objectif principal de "Fußball ohne Abseits". Le programme semble donc porter ses fruits.