Le héros Hoeness est tombé
14 mars 2014Dans presque tous les journaux, deux visages reviennent ce matin en gros plan: celui du juge Rupert Heindl et celui d'Uli Hoeness, tour à tour souriants ou fermés. Comme dans un match de football, il y a un gagnant et un perdant. Le juge a condamné hier le patron du prestigieux club du Bayern Munich à trois ans et demi de prison pour avoir fraudé le fisc de 28 millions d'euros.
« Pas de ménagement », commente la tageszeitung. Le jugement est équilibré et approprié. Le héros du foot, comme le fut longtemps, Uli Hoeness n'a pas été épargné. Le club au succès économique le plus florissant du monde perd son moteur, son centre, sa cheville ouvrière, souligne la Süddeutsche Zeitung. Il serait faux de penser que cela ne va pas engendrer des conséquences sur le plan sportif, prévient le journal munichois.
Le dieu est tombé, souligne Die Welt. Lui aussi rappelle que le Bayern de Munich est devenu une immense machine à succès, qui incarnait l‘efficacité et la persévérance allemande. Mais aujourd'hui domine l'arrogance d'un petit-bourgeois qui a perdu le contact avec la réalité, sans doute parce qu'il se sentait intouchable. La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'interroge encore. Pourquoi l'argent provenait-il d'Adidas, qui est étroitement lié au club munichois ? Quel rôle ont joué les conseillers de la banque suisse qui parlaient au téléphone avec le patron du Bayern jour et nuit ? Trop de questions sont encore sans réponses, d'après le quotidien.
Autre thème qui fait réagir, c'est la situation en Turquie. Recep Tayyip Erdogan exerce sa domination sur la justice, l'exécutif, les médias, écrit Die Welt. Le journal appelle l'Union européenne à boycotter le Premier ministre : il ne devrait plus être accepté en Europe. Ce que Erdogan a fait jusqu'ici, c'est avec l'aide de l'UE. L'Europe a besoin de la Turquie et la Turquie de l'Europe. Mais aucune des deux n'a besoin d'Erdogan.