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Le Liban au bord de la guerre civile?

21 janvier 2011

Les partis politiques se dirigent vers une confrontation. Cette après-midi, le leader druze Walid Joumblatt a annoncé qu'il soutenait le candidat du Hezbollah pour être le prochain Premier ministre.

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Statue de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri assassiné en 2005. L'enquête conduite est au centre de la crise actuelle
Statue de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri assassiné en 2005. L'enquête conduite est au centre de la crise actuelleImage : AP

La population redoute une explosion de la violence comme celle qui avait fait une centaine de morts en 2008 et une véritable psychose s'est installée dans le pays, les Libanais semblant ne plus se faire d'illusion sur l'issue de cette nouvelle crise dans un pays qui a une tradition de violence politique. Ce qui s'est passé cette après-midi était en fait un coup de théâtre attendu. Coup de théâtre car le Druze Walid Joumblatt rompt avec son allié traditionnel, l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Attendu car il ne faisait plus de doute depuis hier que Walid Joumblatt n'aurait d'autre choix que de céder au chantage à la violence du Hezbollah. Le parti chiite menace en effet de transporter la crise politique dans la rue.

Face à cela, Saad Hariri, qui a dû démissionner la semaine dernière après que le départ des ministres du Hezbollah ait fait chuter son gouvernement, a décidé de rester candidat au poste de Premier ministre. C’est le président libanais Michel Sleimane qui devrait désigner lundi le futur chef du gouvernement.

Saad Hariri avec le ministre turc des Affaires étrangères et le Premier ministre du Qatar lors d'une tentative de médiation qui a échoué
Saad Hariri avec le ministre turc des Affaires étrangères et le Premier ministre du Qatar lors d'une tentative de médiation qui a échouéImage : picture alliance/dpa

Spectre de la guerre civile

Pour justifier sa volte-face, Walid Joumblatt a déclaré cette après-midi lors d’une conférence de presse que le Tribunal spécial sur le Liban était devenu trop « politisé ». Ce tribunal spécial est chargé de trouver et juger les responsables de l'assassinat en 2005 de l'ancien Premier ministre sunnite Rafic Hariri, le père de Saad Hariri. Or, des membres du Hezbollah pourraient être désignés comme responsables de ce meurtre et le parti chiite ne veut pas en entendre parler. C'est pourquoi ses ministres ont quitté le gouvernement.

Le pire est que même si le président libanais désigne lundi le candidat du Hezbollah au poste de Premier ministre, cela ne représenterait nullement une issue à cette crise. Michel Sleimane pourrait désigner le chiite Omar Karami qui a déjà été deux fois chef du gouvernement. Mais Saad Hariri a déclaré qu'il ne participerait pas à un tel gouvernement. Or, le Liban ne peut pas être dirigé par un seul parti. Par tradition, les postes doivent se répartir entre les chrétiens maronites, les musulmans chiites, sunnites et les druzes, également des musulmans. C'est le principe de l'équilibre politique et si cet équilibre est rompu, si le Hezbollah domine le Liban dans un gouvernement qui n'est plus d'union nationale, alors c'est le spectre de la guerre civile qui réapparait.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Fréjus Quenum