1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le poids des mots

22 juin 2012

Les journaux célèbrent Liao Yiwu, dissident chinois exilé en Allemagne pour ses écrits critiques sur le massacre de la Place Tien An Men, en 1989. Le Prix de la paix des libraires allemands lui a été décerné jeudi.

https://p.dw.com/p/15Jhr
Liao Yiwu, la voix des sans-droits
Liao Yiwu, la voix des sans-droitsImage : picture-alliance/dpa

Ce prix a valeur de symbole, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Récompensant les efforts en faveur de la paix et de la liberté, il va très certainement déplaire au pouvoir chinois. Car ses œuvres sont la vérité, toute la vérité et rien que la vérité sur ce pays. Et cette vérité menace les tenants du pouvoir qui règnent sans pitié sur près d'un milliard et demi de personnes.

Le pouvoir de la parole et des actes, explique die Welt. Voilà pourquoi le dissident chinois Liao Yiwu est lauréat du prix de la Paix des Libraires allemands, une récompense décernée à un écrivain qui, selon le jury, « se dresse avec une langue puissante et sereine contre l'oppression politique et donne une voix aux sans-droits. ». Après avoir choisi l'exil pour ne pas renoncer à publier ses témoignages réalistes des tortures quotidiennes infligées par le régime de Pékin à tous ceux qui dévient de la ligne édictée par le parti, l'auteur triomphe ainsi de ses bourreaux. Cette année, l'une des plus hautes récompenses littéraires d'Allemagne est allée à un écrivain qui allie de manière remarquable la parole et les actes.

AP Iconic Images China Tiananmen Demonstration Mann vor Panzer
En 1989, Pékin écrase dans le sang les aspirations démocratiques de son peupleImage : AP

Chinois et citoyen du monde, lance die tageszeitung, Liao Yiwu refuse d'oublier le passé. C'est d'ailleurs en voyant une copie pirate du film « La vie des autres », sur le système oppresseur de la Stasi en RDA, qu'il a compris qu'il n'était pas seul au monde et qu'il ne devait pas renoncer à écrire la vérité sur ce qui se passait autour de lui. Et, poursuit le quotidien, ce prix démontre la stupidité de ceux qui justifient la censure et les entraves à la liberté en affirmant que l'Empire du Milieu occupe une place à part dans le monde.

Liao Yiwu
Liao Yiwu, refuse de se taire et d'accepter l'inacceptableImage : DW

Quelle bonne nouvelle, quel bon choix, se félicite la Süddeutsche Zeitung, que de récompenser un chroniste imperturbable, qui se fait le témoin de tous ceux que la Chine moderne tente de faire disparaître. Comme il le dit lui-même, il n'est que le collectionneur de toutes ces histoires personnelles, de ces destins qui seraient autrement effacés. C'est le point central de l'esthétique de son œuvre : avec ses textes, il veut apporter le matériel nécessaire à l'équité. Il est en quelque sorte le magnétophone de sa génération, conclut le quotidien de Munich.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Cécile Leclerc