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Le pompier Draghi peut-il sauver l'euro ?

Anne Le Touze-Schmitz27 juillet 2012

Les journaux commentent l'annonce de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Il a promis hier de "faire tout son possible" pour sauver la monnaie commune.

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Mario Draghi
Mario DraghiImage : dapd

C'est "seulement" une annonce, mais c'est aussi un instrument classique de politique monétaire, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La déclaration aux accents dramatiques de Mario Draghi a eu l'effet escompté : l'euphorie a gagné les marchés financiers, la situation s'est apaisée sur le front des taux d'intérêts espagnols et italiens... mais combien de temps va durer ce répit ? Selon le quotidien, cela dépendra en grande partie de la capacité des Etats en crise à adopter, et surtout à imposer les réformes et les mesures de rigueur nécessaires. Un changement profond de mentalité est absolument indispensable pour la survie de la monnaie commune.

La Grèce est au bord de la faillite, jusqu'où peut aller la rigueur?
La Grèce est au bord de la faillite, jusqu'où peut aller la rigueur?Image : picture-alliance/dpa

Dans l'urgence, écrit la Süddeutsche Zeitung, il est compréhensible que les responsables politiques appellent à la rescousse la Banque centrale européenne, qui dispose théoriquement de ressources inépuisables et pourrait éteindre rapidement l'incendie en faisant marcher la planche à billets. Mais cela ne résoudrait aucun des problèmes. Bien au contraire : on peut être sûr que les pays en crise mettraient vite au placard leur volonté de réforme.

Die Welt s'inquiète aussi des effets de l'annonce de Mario Draghi. Certes, les marchés ont réagi positivement mais il faut voir la réalité en face : les investisseurs internationaux ont tourné le dos à la zone euro. Plus la BCE colmatera les trous dans les bilans des banques et des Etats, plus la situation risque d'empirer. Cette aide inconditionnelle, poursuit le journal, est également contraire aux principes des traités européens. La BCE n'est plus garante de stabilité mais devient de plus en plus l'organe d'une Europe dans laquelle le Sud endetté dicte sa loi, au détriment des pays du Nord.

Le modèle économique allemand montre des fissures, informe quant à elle die tageszeitung : hier, deux fleurons de l'industrie, Siemens et BASF, ont annoncé de mauvais chiffres. Il était temps, commente le journal. Jusqu'ici, la crise de l'euro n'a été qu'un problème théorique pour l'Allemagne. Pendant que le reste de l'Europe subit une cure d'austérité et que le chômage enregistre un niveau record, ici-bas l'économie est florissante, les recettes fiscales explosent et les taux d'intérêt baissent. Maintenant, Berlin va devoir ouvrir les yeux. Car si tout le monde se soumet à une rigueur drastique en même temps, explique le journal, l'économie européenne va s'effondrer et un pays comme l'Allemagne qui vit de ses exportations, en subirait directement les conséquences. Avec l'arrivée de la crise, les dirigeants vont peut-être enfin sortir de leur léthargie et arrêter de bloquer les efforts européens. Reste à savoir si cela ne sera pas trop tard.

Des nuages se forment au-dessus des grandes entreprises allemandes
Des nuages se forment au-dessus des grandes entreprises allemandesImage : AP