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Le président de la Commission juridique du Bundestag renvoyé

Carole Assignon
14 novembre 2019

Les députés ont limogé mercredi le président AfD de la Commission juridique du Bundestag (le parlement allemand).Ce limogeage met en exergue l'inquiétude suscitée par le radicalisme dans les rangs du parti. 

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Vorsitzender des Rechtsausschusses des Deutschen Bundestages Stephan Brandner (AfD)
Image : picture-alliance/dpa/B. von Jutrczenka

La liste des tweets polémiques de Stephan Brandner est longue. Celui qui est désormais l’ex-président de la Commission juridique du Bundestag a par exemple été critiqué pour avoir tweeté que le célèbre chanteur Udo Lindenberg avait reçu une "récompense Judas", en référence au disciple qui a trahi Jésus, quand il a reçu une médaille fédérale. Des propos largement qualifiés comme étant antisémites. Si Stephan Brandner a pris pour cible Lindenberg c’est de l’avis de certains parce que ce dernier a critiqué l'AfD, en particulier Bjoern Hoecke - le dirigeant du parti  dans l'Etat de Thuringe, dans l'est de l’Allemagne). 
Autre exemple : Brandner avait également retweeté un message après l'attaque d'une synagogue à Halle le mois dernier qui avait fait deux victimes. Il demandait pourquoi les politiciens "traînaient autour" de mosquées et de synagogues avec des bougies alors que les victimes étaient des Allemands. 

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Les tweets polémiques de Stephan Brandner sont à l'origine de son limogeageImage : DW/N. Jolkver

Les raisons du limogeage

Selon ses détracteurs, il a montré qu’il n’était pas apte à diriger la commission. Jan-Marco Luczak, du groupe CDU / CSU explique: "nous ne nous sentons pas représentés par Stephan Brandner et il ne devrait plus nous représenter. À cet égard, le renvoi de M. Brandner est un signe clair contre l'incitation à la haine et pour une société libre et ouverte."
L'AfD est souvent critiquée pour son utilisation de termes de l'époque nazie tels que "traître du peuple". Alors que l’Allemagne défend farouchement la liberté d'expression, c'est la première fois dans l'histoire de l'après-guerre qu'un président d’une commission parlementaire est limogé. Selon Johannes Fechner, du groupe SPD "il a démoli les ponts avec d’importants partenaires de la Commission des questions juridiques au sein de la société civile. C’est un fardeau considérable lorsque des associations importantes ont des difficultés à coopérer avec nous. Et il faut également le dire : il n'était pas intéressé par le travail juridique de cette commission".

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Alexander Gauland, le chef du groupe Alternative pour l'Allemagne (AfD) au Bundestag estime que le limogeage de Stephan Brandner est un scandale pour la démocratie. Image : picture-alliance/dpa/A. I. Bänsch

La stratégie de victimisation

Face à ces accusations, Stephan  Brandner et son parti ont choisi d’adopter une posture de victime des manœuvres des autres partis.
"Ce n'est pas une défaite, c'est simplement une coalition d'anciens partis, comme cela se passe toujours contre l'AfD, peu importe ce que nous faisons. Ils veulent que je disparaisse. Ils veulent donner un coup de pied dans les tibias de l'AfD."
Alexander Gauland, le chef du groupe Alternative pour l'Allemagne (AfD) au Bundestag, a pour sa part qualifié de scandale pour la démocratie le limogeage de Stephan Brandner. 
Pour rappel, l’AfD a fait son entrée au Parlement pour la première fois suite à l'élection de 2017, au moment de la politique d’ouverture de la chancelière Angela Merkel en matière de migration.L'AfD est désormais le troisième parti au sein de la chambre basse du Bundestag. Le soutien électoral à ce parti a connu une forte hausse lors des élections régionales cet automne.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique