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Le premier scrutin après Kadhafi se prépare

10 mai 2012

Après la chute de Mouammar Kadhafi et sa mort violente en octobre 2011, la Libye doit maintenant relever un défi : contruire un nouvel État. L'élection d'une Assemblée constituante est prévue en juin.

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A group of people of Somali origin who are suspected of being mercenaries for Moammar Gadhafi walk past a poster of him as they are held in the Tripoli Oil institute building by the Libyan rebel Zentan Al Kakaa Brigade inTripoli, Libya, Sunday, Sept. 4, 2011 prior to being released to the custody of the UNHCR refugee agency. (Foto:Francois Mori/AP/dapd)
Image : dapd

D'ores et déjà plus d'un million d'électeurs se sont inscrits, d'après la commission électorale mais la date précise des élections n'a pas encore été fixée. Ce sera en tous cas le premier scrutin national après quatre décennies de dictature.

Le référendum

L'élection de l'Assemblée constituante ne sera qu'un premier pas sur la voie de la démocratie. Les quelque 200 membres élus devront à leur tour nommer un comité de spécialistes chargés de rédiger une Constitution. Elle sera soumise à un référendum. Et c'est en 2013, au plus tôt, que des élections législatives pourront avoir lieu. Avec au bout du chemin un véritable Parlement et un gouvernement. Mais ce parcours démocratique est particulièrement difficile à atteindre, car il n'existe pas d'infrastructure économique ou politique dans le pays, comme le déplore Günter Meyer, directeur du Centre de recherche sur le Monde arabe à l'université de Mayence:

Libyan National Transitional Council (NTC) Chairman Mustafa Abdel Jalil (C) speaks during a news conference in Tripoli April 29, 2012. Libya's ruling National Transitional Council (NTC) decided on Sunday to keep the interim government in power in the run up to a June election, its leader said, quashing rumours of a reshuffle that has sowed uncertainty in the strife-torn state. REUTERS/Ismail Zitouny (LIBYA - Tags: POLITICS)
La complexité de la tache est renforcée par l'impression d'incohérence que donne le CNT, le Conseil national de transitionImage : REUTERS

« Kadhafi avait, au travers de ce qu'il avait appelé la Jamahiriya, c'est-à-dire la république des masses... avait éliminé toutes les institutions indispensables à un État moderne. Et c'est cela le plus grand problème actuellement. Ce ne sont pas seulement de nouveaux partis qui doivent être mis sur pied, mais l'ensemble de l'appareil d'État : administrations, justice, armée, forces de sécurité avec des structures hiérarchiques. Et tant que cela n'est pas fait, ce sont des centaines de milices rivales et qui ne suivent que leur propre intérêt qui exercent le véritable pouvoir dans le pays. »

Le manque d'autorité du CNT

La complexité de la tache est renforcée par l'impression d'incohérence que donne le CNT, le Conseil national de transition. Mais il y a plus grave encore, comme le souligne Wolfram Larcher, de la Fondation pour les sciences politiques, de Berlin.

epa03138562 Thousands of Libyans with Libya flags and anti-federalization signs and banners gather during a protest against transforming Libya into a federal state, in Tripoli, Libya, 09 March 2012. Tribal leaders in eastern Libya on 06 March declared the Cyrenaica region to be semi-autonomous, in a move that could revive old tensions in Libya. Thousands of major tribal leaders and militiamen attended the ceremony in the city of Benghazi, the birthplace of last year's uprising against former leader Muammar Gaddafi. EPA/SABRI ELMHEDWI
Le parcours démocratique est particulièrement difficile à atteindreImage : picture-alliance/dpa

« Dans l'ensemble, on peut dire que le CNT et son gouvernement de transition ont montré ces derniers mois un grand manque d'autorité et qu'ils n'ont pas réussi à faire avancer les enquêtes sur les crimes de guerre commis pendant et après la guerre civile. La conséquence est que le CNT et son gouvernement se trouvent dans une grave crise de légitimité. »

L'enregistrement de quelque 3,4 millions d'électeurs a débuté. Mais il progresse lentement. Alors dans quelle mesure les pays occidentaux doivent-ils apporter de l'aide à ce processus? Pour de nombreux experts, il est impératif d'éviter toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. Mais pour autant, les pays occidentaux doivent être prêts à apporter leur expertise dans des domaines précis : la mise sur pieds de structures démocratiques, le domaine de la sécurité et la construction d'infrastructures. Mais pas question d'intervenir dans le déroulement d'élections libres. Il s'agit là de la seule affaire du Conseil national de transition et du peuple libyen.

Auteurs : Diana Hodali / Elisabeth Cadot

Edition : Kossivi Tiassou