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Le rôle trouble de la diplomatie française en RDC

2 mars 2018

Une campagne contre la politique de la France en RDC enfle sur les réseaux sociaux. Contrairement à l’Union européenne et à certains de ses membres, la France aurait une position ambiguë par rapport à la crise actuelle.

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Präsident  Emmanuel Macron auf Korsica
Image : Reuters/B. Tessier

La politique de la France en RDC critiquée

Depuis le début de cette crise politique, la voix de la France a été inaudible, regrettent plusieurs analystes africains. Face à cette ambiguïté, des ONG françaises sont montées au créneau pour fustiger ce qu’elles perçoivent comme un soutien tacite au pouvoir de Joseph Kabila, réfractaire à toute contestation pacifique.

Paris est accusé de maintenir sa coopération militaire et policière avec la RDC, alors que quasiment toutes les manifestations pacifiques sont violemment réprimées.

"Il est du devoir de la France de ne pas cautionner ou accompagner les forces de l'ordre ou forces militaires congolaises dans la répression et donc de maintenir également la pression sur le régime du président Joseph Kabila en suspendant la coopération", a plaidé Laurent Duarte, coordinateur de la campagne "Tournons la Page".


Opacité

A en croire le coordinateur des campagnes à l’ONG Survie, le cas de la RDC n’est pas unique.

La France poursuit dans la plus grande opacité sa coopération militaire et policière avec des pays qui souffrent de déficit démocratique : le Tchad,  le Cameroun, le Congo-Brazzaville, Djibouti, la Mauritanie, le Togo ou encore le Gabon.

Selon Julien Moisan, coordinateur des campagnes à l’ONG Survie "c’est vraiment une logique françafricaine, une logique qui continue avec les régimes français précédents. On met de coté les problématiques de répression de la population. Et les parlementaires eux-mêmes ne sont pas au courant du contenu des accords bilatéraux de la France avec les régimes autoritaires. On attend un positionnement clair et on attend des actes“.

"Combien de coopérants militaires et policiers sont dépêchés, dans ces pays ? À quel poste ? Les officiers militaires ou de police congolais qui participent aux formations prodiguées ou appuyées par la France (par exemple au sein des formations de l’entreprise française Themiis) sont-ils ceux qui ordonnent de réprimer toute manifestation ? Les matériels utilisés dans cette répression brutale proviennent-ils de fournisseurs français soutenus dans le cadre de cette coopération ?", se sont interrogés plusieurs responsables d’ONG françaises dans une lettre adressée au président Emmanuel Macron, reprise par nos confrères  du "Monde-Afrique".

La France isolée ?

Rappelons que le 12 décembre 2016, l’Union européenne et les Etats-Unis ont pris des sanctions contre neuf responsables congolais. Ceux-ci sont accusés d’avoir joué un rôle dans les différentes répressions contre des paisibles citoyens qui n’ont fait qu’exercer leur droit constitutionnel : manifester pacifiquement contre un troisième mandat du président Joseph Kabila.

Début janvier 2018, la Belgique, ancienne puissance coloniale, a elle suspendue son programme bilatéral de coopération.

Quant au parlement européen, il réitère constamment son appel au respect du calendrier électoral et des principes des droits humains et de la démocratie. La France pour sa part n’a pas donné de position 

'On attend de la France un positionnement clair' (Julien Moisan, ONG Survie)

"Notre pays, pour sa part, devenait sur les réseaux sociaux la cible de la colère des Congolais, la France étant accusée d’avoir retardé voire bloqué certaines sanctions européennes. A la suite de la répression du 21 janvier 2018, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que "la France condamn[ait] fermement les violences commises par les forces de sécurité. Mais notre pays peut-il condamner les violences commises par l’Etat congolais sur sa population tout en continuant, dans la plus grande opacité, à apporter un soutien – via sa coopération militaire et policière – aux auteurs de ces mêmes violences ?", ont écrit au président français, Clément Boursin de l’ACAT-France, Julien Moisan de l’Association Survie, et Laurent Duarte de la campagne "Tournons la Page".

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona