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Le retour de « Baby Doc »

17 janvier 2011

L'ancien dictateur Jean-Claude Duvallier est revenu hier en Haïti après 25 ans d'exil en France. Son retour intervient dans un contexte politique très troublé.

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Jean-Claude Duvallier est arrivé hier à l'aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince
Jean-Claude Duvallier hier à l'aéroport Toussaint Louverture de Port-au-PrinceImage : AP

Jean-Claude Duvallier est arrivé hier après-midi à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, à bord d'un vol d'Air France. Il était accompagné de sa femme et même s'il est apparu un peu désorienté, Jean-Claude Duvallier a trouvé le temps de lâcher cette phrase sibylline : « Je suis venu pour aider le peuple haïtien ». Jusqu'à présent, la seule réaction officielle a été celle du Premier ministre Jean-Max Bellerive qui a déclaré que l'ancien dictateur a « le droit » de rentrer chez lui. Tout en ajoutant qu'il espérait que cela n'allait pas « compliquer une situation politique déjà tendue ».

Jean-Claude Duvallier prend en effet des risques en revenant à Port-au-Prince. Il pourrait lui être reproché les milliers de personnes exécutées durant les 25 ans de son règne, de 1971 à 1986 : des crimes commis pour la plupart par sa milice personnelle, les tristement célèbres Tonton Macoutes. Jean-Claude Duvallier aurait par ailleurs détourné une centaine de million de dollars jusqu'à ce qu'il soit chassé du pouvoir et trouve refuge sur la Côte d'Azur, dans le Sud de la France.

"Baby Doc" a fait subir au pays une dictature de vint-cinq ans. Ici le jour de son mariage, en 1980.
"Baby Doc" a fait subir au pays une dictature de vint-cinq ans. Ici le jour de son mariage, en 1980.Image : AP

Nourriture et sécurité

Malgré ce lourd passé, Jean-Claude Duvallier a été accueilli de manière festive par des partisans qui, pour la plupart, étaient trop jeunes pour l'avoir connu. Certains ont déclaré qu'à l'époque le Baby Doc, il y avait « de la nourriture et de la sécurité ». Ces réactions, nullement représentatives de l'ensemble de la population, résument néanmoins le désarroi de ce pays : un an après le séisme qui a causé 250 000 morts et incapable de stopper une épidémie de choléra qui a fait près de 4 000 victimes, Haïti doit en plus composer avec une crise politique.

Un rapport de l'Organisation des états américains a dénoncé la fraude du premier tour des élections présidentielles et préconisé d'écarter le candidat du parti au pouvoir, Jude Celestin. Selon le site haïtien AlterPresse, des réunions ont eu lieu ce week-end entre le gouvernement et la communauté internationale pour trouver une issue à cette crise. Loin de représenter une alternative crédible, c'est ce malaise profond que symbolise aujourd'hui le retour de Jean-Claude Duvallier.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Georges Ibrahim Tounkara