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Le rôle de la Cédéao dans la crise en Guinée

20 septembre 2021

De nombreux Guinéens critiquent la sévérité des sanctions prises par la Cédéao envers la junte militaire en Guinée.

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Cédéao: photo de famille... avec des absents, le 16 septembre 2021
Cédéao: photo de famille... avec des absents, le 16 septembre 2021Image : Nipah Dennis/AFP

En Guinée, la junte militaire a poursuivi, aujourd'hui, les dernières consultations nationales engagées pour recueillir les avis des représentants de partis politiques, des diplomates, des investisseurs et des organisations de la société civile.

Ces consultations se déroulent, en revanche, sur fond de dessacord entre les militaires au pouvoir et la Cédéao qui a suspendu la Guinée des ses instances, gelé les avoirs financiers des membres de la junte militaire et de leur famille qui sont également interdits de voyager.

>>> Lire aussi : Guinée : des sanctions financières sont-elles pertinentes ?

A ces sanctions s'ajoute l'exigeance d'une période de transition de six mois qui doit se conclure par des élections et la transmission du pouvoir aux civils. Des mesures jugées sèvères par de nombreux Guinéens.

 >>> Lire aussi : Guinée : les sanctions de la Cédéao jugées trop sévères

Un mot revient souvent dans le débat politique guinéen, c'est bien la Cédéao. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest a infligé des sanctions à la Guinée et aux militaires qui ont renversé le président Alpha Condé.

Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo à Conakry, le 17 septembre 2021
Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo à Conakry, le 17 septembreImage : John Wessels/AFP/Getty Images

Deux poids deux mesures

Alassane Diallo, du Mouvement Citoyen Lambda, dit comprendre que la Guinée doit respecter les accords passés avec l'organisation sous-régionale. Mais il estime aussi que la Cédéao à tendance à s'éloigner des aspirations des populations.

"Nous n'avons pas eu connaissance d'une pression serieuse et forte engagée par la Cédéao pour empêcher le président Alpha Condé de modifier la Constitution et s'ctroyer un troisième mandat, regrette-t-il. Je suis d'accord avec la Cédéao qui veut qu'on revienne à l'ordre constitutionnel mais je pense que la junte qui est au pouvoir est déterminée aussi à aider le peuple de Guinée à revenir à l'ordre constitutionnel mais pas dans la précipitation".

Mieux vaut prévenir...

Pour le chercheur malien Aly Tounkara, de l'Institut d'études et de sécurité de Bamako, la Cédéao est perçue comme une entité à la solde des chefs d'Etats.

L'organisation se montre impuissante devant le forcing du troisième mandat dans la sous-région, ce qui est considéré comme une insulte à la démocratie, selon Aly Tounkara qui ajoute qu'il est "impérieux aujourd'hui, conforménent d'ailleurs à son protocole additionnel en terme de la bonne gouvernance et de la démocratie, que la Cédéao mette l'accent davatange sur la prévention que sur la gestion des crises une fois qu'elles ont éclaté".

>>> Lire aussi : "Alpha Condé est et demeurera en Guinée"

Le chercheur précise : "Beaucoup voudraient que la Cédéao soit exemplaire en terme de sanctions qui sont infligées à tous ses membres qui n'accepteront pas de se soumettre au jeu démocratique et qui modifieraient les Constitutions pour se maintenir au pouvoir".

Soulagement à demi seulement

Mais l'économiste et analyste guinéen Ibrahima Sanoh estime qu'au-delà de l'effet de soulagement qui accompagne souvent la prise du pouvoir par les militaires, il va falloir garder raison :"C'est vrai que ce qui est arrivé est un soulagement mais nous faisons un saut dans l'ínconnu car on ne sait pas encore ce qui va se passer dans un bref avenir.

"Je préfère les coups d'Etat militaires aux coups d'Etat constitutionnels !"

Mamady Doumbouya dirige la junte au pouvoir en Guinée
Mamady Doumbouya dirige la junte au pouvoir en GuinéeImage : Sunday Alamba/AP/picture-alliance

Ce qui m'outrage un peu, c'est le fait que les Guinéens aient décidé d'aller aux consultations pour faire des propositions pour une transition dont ils n'ont aucune idée précise. On fait des propositions à quelqu'un qui n'a pas encore dit la route qu'il compte emprunter. Il faut qu'on sache d'abord, quelle est la voie que la junte voudrait emprunter et qu'elle nous dise quelle sont les différentes étapes pour arriver à destination".

Respecter le jeu démocratique, bâtir des institutions crédibles avec des moyens de dissuation politico-judiciaires afin d'empêcher les militaires de prendre le pouvoir par les armes, c'est ce que demandent de nombreux observateurs et des citoyens guinéens. Car dans l'histoire politique récente de la Guinée, chaque fois que les militaires se sont emparés du pouvoir, ils l'ont difficilement rendu aux civils.