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Le système Moubarak toujours en place

4 juin 2012

Les journaux commentent l'issue du procès de Hosni Moubarak en Égypte. L'ancien président a été condamné à la prison à vie, mais ses deux fils et six hauts responsables de la sécurité ont été acquittés.

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Image : Reuters

Pour la première fois depuis le début des révoltes arabes, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un des autocrates renversés en 2011 a dû assister personnellement à sa condamnation par un tribunal. Un bon point pour la justice égyptienne qui se pose en instance puissante entre les protestataires et le conseil militaire suprême. Pour autant, la troisième force n'est pas libérée du joug des décennies Moubarak. En témoigne l'acquittement des fils du président et des six officiers. A deux semaines du second tour de la présidentielle, cette impunité apparaît comme une concession à une restauration insidieuse de l'ancien régime, estime le quotidien.

Les hauts responsables de la sécurité ont été acquittés parce que le parquet général a mal fait son travail et que le ministère de l'Intérieur n'a pas coopéré, explique die tageszeitung. Le journal évoque la disparition mystérieuse de preuves susceptibles de reconstituer la chaîne de commandement qui a conduit à la mort de 840 personnes lors de la révolte contre l'ex-dictateur. Les Égyptiens ne sont pas nés de la dernière pluie, ils sont donc descendus par centaines de milliers dans les rues pour protester. Mais selon la taz, cela ne suffira probablement pas à débarrasser le pays des rouages de l'ancien régime, d'autant que celui-ci risque de reprendre ses marques en cas de victoire d'Ahmed Shafiq, ancien Premier ministre de Hosni Moubarak, à la présidentielle.

La Place Tahrir, au Caire, ne désemplit pas
La Place Tahrir, au Caire, ne désemplit pasImage : Reuters

Pour la Süddeutsche Zeitung, on a peut-être puni les protagonistes de l'État répressif, mais pas les vrais responsables - comme si une dictature se résumait à son dictateur. Ce qui se passe dans les rues égyptiennes prouve que cela ne suffit pas. Mais la colère des Égyptiens est également l'expression de leur frustration de voir que l'appareil sécuritaire du régime Moubarak - armée, services secrets, police et même justice - n'a absolument pas été démantelé. Cela dit, poursuit le journal, toute ces déceptions font presque oublier que ce procès a été historique. Un peuple qui juge et condamne son despote déchu, c'est une chose que ni la Tunisie, ni la Libye n'ont vécue et dont le potentiel dissuasif n'est pas négligeable pour les autocrates encore au pouvoir dans la région.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Konstanze von Kotze