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Le temple de la discorde oppose Thaïlande et Cambodge

Konstanze von Kotze23 juillet 2008

La tension monte entre la Thaïlande et le Cambodge. Le différend frontalier autour du temple khmer de Preah Vihear est devenu l’occasion d’une véritable démonstration de force de la part des deux pays.

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Le temple de Preah Vihear, objet d'un différend frontalier entre la Tahïlande et le CambodgeImage : picture-alliance/ dpa

L’édifice dédié à la déesse Shiva se trouve au bord d’un plateau qui domine la plaine du Cambodge. « Le site est particulièrement bien préservé et l’ensemble est exceptionnel pour son architecture, adaptée à la fois aux contraintes naturelles du site et aux fonctions religieuses du temple, ainsi que pour la qualité des ornementations de pierre sculptée ». Telle est la description que l’on peut lire sur le site de l’Unesco, à propos du temple de Preah Vihear, inscrit sur la liste du patrimoine mondial, depuis le 7 juillet, au grand dam de la Thaïlande.

Situé à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, il est source de tension entre les deux pays. En 1962, la Cour internationale de justice a décidé que le temple de la discorde appartenait bel et bien au Cambodgiens et ce, alors qu’il est plus facilement accessible depuis la Thaïlande. Une décision qui continue d’agacer Bangkok plus de quarante ans après et qui a pris une nouvelle dimension maintenant que le site est inscrit au patrimoine mondial.

Depuis mardi dernier, les deux pays se livrent une bataille des nerfs au sujet de ce territoire de 4 kilomètres carrés et des poussières. Déploiement de plusieurs centaines de soldats autour du temple, installation de pièces d’artillerie lourde le long de la frontière, déclarations et accusations entre responsables politiques. Le contentieux était également au centre des discussions des ministres des Affaires étrangères de l’Asean, l’Association des nations de l’Asie du sud-est, sans qu’ils parviennent toutefois à dégager un consensus. Il constituera aussi, à la demande du Cambodge, le thème de la réunion d’urgence du conseil de sécurité des Nations Unies. Une réunion prévue demain.

Si les deux parties ont affirmé leur volonté de trouver un règlement pacifique à la question, il n’en reste pas moins que le secrétaire des Nations Unies, Ban Ki-moon s’est inquiété de « l’escalade des tensions ». Il faut dire qu’en 2003 une polémique similaire autour du temple historique d’Angkor Wat avait conduit à la mise à sac de l’ambassade thaïlandaise à Phnom Penh.

Par ailleurs, le contexte politique intérieur dans les deux pays est propice à une escalade des tensions. En Thaïlande, la querelle arrive à point nommé pour l’opposition au gouvernement de Samak Sundaravej, un gouvernement qui a soutenu l’inscription du temple au patrimoine mondial. Au Cambodge, le parti du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis plus de deux décennies déjà, est en passe de remporter de nouvelles législatives dimanche prochain. L’affaire du temple lui permet de jouer la corde de la ferveur nationaliste. Et en attendant, ce sont plusieurs habitants de la région qui évacuent les lieux, par crainte d’affrontements armés.