Le tsar sans son peuple
8 mai 2012
On retrouve la même photo à la Une des grands quotidiens ce matin : les portes dorées du Kremlin qui s'ouvrent sur l'homme fort de Russie. La cérémonie d'investiture de Vladimir Poutine s'est tenue en grandes pompes devant un parterre de 3000 invités. Une sacrée mise en scène, commente Die Welt. Le tapis rouge, les soldats en uniforme : le décor du Kremlin était digne de l'époque napoléonienne. Mais, poursuit le journal, pendant que le tsar Poutine III défilait dans sa limousine noire, sa police a du déloger des opposants qui manifestaient aux cris de « une Russie sans Poutine ». Ce troisième mandat s'annonce difficile, pense Die Welt. Certes, Poutine a construit un Etat policier solide, il n'empêche que sans le soutien de la société, il risque de perdre sa couronne.
La Süddeutsche Zeitung partage cet avis : l'investiture chorégraphiée de Poutine a été perturbée par les arrestations de 400 opposants. Jusqu'ici, l'homme fort de Russie n'en avait que faire des critiques extérieures des pays occidentaux. Mais il ne pourra pas ignorer le mécontentement de son propre peuple, qui gronde depuis l'hiver dernier.
Après "A+N" : "A+F" ?
Dans sa caricature du jour, la Süddeutsche Zeitung représente la chancelière allemande Angela Merkel sous son arbre « sauvetage de l'euro ». Des cœurs A+N, Angela et Nicolas, sont gravés sur l'écorce. Mais Angela Merkel doit accueillir François Hollande, qui arrive… avec une hache de bucheron dans son dos !
C'est ce qui inquiète la Frankfurter Allgemeine Zeitung, journal d'obédience conservatrice, qui dénonce des incertitudes dans le programme du nouveau président socialiste. Réforme du pacte fiscal, renforcement du rôle de la Banque centrale européenne, mise en place d'eurobonds : autant de points qu'il faudra éclaircir avec le partenaire allemand, note la F.A.Z.. Le journal remercie d'ailleurs Nicolas Sarkozy d'avoir tenté de mettre en place des réformes pour moderniser la France. Mais ces Français, ce peuple conservateur-anarchiste, ne l'ont même pas remercié pour ça, conclut le journal.
Die tageszeitung, quotidien de gauche, se félicite au contraire de la victoire de François Hollande, qui montre aux Allemands qu'il y a une alternative à la politique d'austérité du couple Merkel/Sarkozy. Il faut se réjouir, pense le quotidien, car le temps de la domination allemande au sein de l'Union européenne est terminé. Et c'est une bonne nouvelle pour la démocratie.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Konstanze von Kotze