Le vent de liberté enrhume les Européens

L’Europe se mobilise. Elle s’attend au pire, elle annonce des mesures énergiques. De quoi s’agit-il ? Est-ce que l’Europe s’apprête à intervenir militairement en Libye. Bruxelles va-t-il lancer un plan Marshall pour le Maghreb ? Non, non… Face à des événements qui sont en train de changer le paysage politique de l’Afrique du Nord et mettre fin à des décennies de dictatures, l’Europe a peur. Peur de quoi ? Peur d’un afflux de réfugiés. « Un exode biblique », a prédit le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini qui confond la mer Rouge avec la mer Méditerranée. « Le cœur de Pharaon s’endurcit » est-il écrit dans l’Exode de la Bible. Mais dans les événements de ce début d’année, c’est le cœur des Européens qui s’endurcit, incapable de saisir les enjeux de ces événements et retranchés dans une lecture à usage de politique interne de ces révolutions.

Face à l’urgence de l’événement, Herman van Rompuy, accessoirement connu comme étant le président de l’Europe, a décidé avec un courage qui laisse dubitatif de convoquer un Sommet extraordinaire sur la Libye et l’Afrique du nord le… 11 mars. Évidemment, d’ici-là Mouammar Kadhafi aura peut-être été chassé du pouvoir ce qui facilitera les débats des Européens qui ont longtemps entretenu d’excellentes relations avec le « guide de la Révolution de la Grande Jamahiriyya arabe libyenne populaire et socialiste ». Ne serait-ce que pour lui vendre des armes.

Forteresse Europe

Face aux révoltes dans le monde arabe, l’Union européenne se demande si la forteresse Europe sera assez solide pour résister à l’afflux hypothétique de migrants. On est bien loin de l’enthousiasme et la générosité qui avait suivi la chute du Mur de Berlin en 1989.

L’Europe est-elle à la hauteur de ces révolutions arabes ? C’est la question que nous avons posé à l’eurodéputé socialiste Rui Tavares. Il est membre du groupe de la Gauche unitaire européenne et il est très critique sur l’attitude européenne dans cette crise.

Maison de dieu

Faire cohabiter chrétiens et musulmans au sein d'un même lieu de culte : vous en aviez peut-être rêvé, les Suédois l’ont fait. C’est du moins le sens d’un projet lancé à Stockholm, la capitale suédoise, dans un quartier à forte population immigrée.

Au moment où le modèle multiculturel suédois est remis en cause par la montée de l'extrême-droite dans le pays, ce projet baptisé « Maison de Dieu » veut montrer, au-delà des croyances individuelles, que la tolérance est une valeur essentielle.

Un reportage de notre correspondant Benoît Derrier.

Auteur : Jean-Michel Bos