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Le vote sanction des Tunisiens

Reliou Koubakin
16 septembre 2019

Deux candidats antisystème caracolent en tête de l'élection présidentielle, selon les premiers résultats.

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Präsidentschaftswahl in Tunesien 2019 | Stimmauszählung in Tunis
Image : Reuters/M. Hamed

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Selon les premiers résultats partiels de la présidentielle de dimanche, Kaïs Saïed et Nabil Karoui arriveraient en tête du scrutin présidentiel, avec respectivement 19% et 15% des suffrages exprimés.

Si moins de la moitié des Tunisiens se sont déplacés pour départager les 24 candidats, ils ont voulu néanmoins exprimer leur désapprobation, mécontents que les revendications de la révolution de 2011 tardent à être satisfaites.

L'ancien juriste Kaïs Saïed commente les premiers résultats.
L'ancien juriste Kaïs Saïed commente les premiers résultats.Image : picture-alliance/AA/N. Talel

Ils ont ainsi porté leur choix sur des candidats qui ne sont pas issus de l'establishment et plaçant deux novices de la politique en tête de la course.

À en croire Holger Dix, représentant de la fondation allemande Konrad Adenauer à Tunis, les partis politiques traditionnels ont échoué :

"Les partis du centre et aussi de la gauche n'ont pas pu s'entendre sur un candidat. En plus, il semble qu'on doive parler de vote sanction des Tunisiens. Ils ont sanctionné la classe politique, les politiciens classiques qui n'ont pas été assez en contact avec la population et n'ont pas livré le résultat que les Tunisiens attendaient. Il y a toujours le chômage, le coût de la vie devient de plus en plus élevé, le système de santé et d´éducation n´est pas très bon. "

Un ancien juriste et un magnat des médias

Même si la situation économique est relativement bonne avec une hausse du taux de croissance, 15% de jeunes sont au chômage. On note par ailleurs une accélération de l'inflation depuis 2017, selon la Banque mondiale.

Si les résultats des élections se confirment, le juriste à la retraite Kaïs Saïed et le magnat des médias Nabil Karoui – encore en prison pour blanchiment d'argent – se retrouveront au second tour.

L'homme d'affaires Nabil Karoui arrivant au tribunal le 12 juillet 2019.
L'homme d'affaires Nabil Karoui arrivant au tribunal le 12 juillet 2019.Image : Reuters/Z. Souissi

Même si  le rôle du président de la République est plutôt protocolaire, Holger Dix estime que la Tunisie plonge dans un avenir incertain :

"On ne sait pas quoi attendre maintenant de ces deux candidats, on ne sait pas exactement, une fois au pouvoir, ce qu'ils vont faire. Ils n´ont pas été élus sur la base d'un programme. Les jeunes qui ont voté maintenant, savaient-ils exactement ce que ça va donner, ou était-ce seulement pour critiquer ou sanctionner encore une fois cette classe politique ?"

Pour l'instant, la Tunisie est plongée dans l'incertitude à moins d'un mois des prochaines élections législatives. 

L'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) doit publier les résultats définitifs au plus tard mercredi.

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