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Les amis de la Libye : on en fait partie... ou pas

23 septembre 2011

Les quotidiens allemands se penchent de nouveau sur l'avenir de la Libye. Les élections en Zambie et les tensions entre le Soudan et le Soudan du Sud ont également inspiré les journaux.

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Le Conseil national de sécurité s'est vu remettre le siège de la Libye à l'OnuImage : picture alliance/dpa

En particulier avec la réunion des amis de la Libye qui s'est déroulée mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies et que commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Si le président français Nicolas Sarkozy a eu récemment son heure de gloire à Benghazi, c'est son homologue américain Barack Obama qui a cette fois mobilisé l'attention en prononçant un discours solennel. Il a remercié la Ligue arabe et les alliés européens des Etats-Unis qui ont eu le courage d'intervenir pour empêcher des horreurs : Grande Bretagne, France, Danemark et Norvège. Et l'Allemagne dans tout ca ? Disparue des écrans radars et cela n'a rien d'étonnant, estime le journal de Francfort : Berlin a refusé de participer à l'intervention militaire en Libye et on le lui fait sentir. Barack Obama a certes assuré à la chancelière Angela Merkel qu'il ne lui en voulait pas, rappelle la Süddeutsche Zeitung. Il n'empêche : à chaque fois qu'il est question de la Libye, il ne lui donne pas vraiment l'impression que les Allemands peuvent être fiers de leur abstention.

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Les armes libyennes : une source d'inquiétude notamment pour les voisins de la LibyeImage : DW

Le journal munichois note par ailleurs que la mise en sécurité des armes chimiques de l'ancien dictateur est une bonne nouvelle mais malheureusement une exception. Les arsenaux libyens sont en effet devenus de véritables supérettes, proposant un large choix d'armes, accessible à tous et notamment à Al-Qaïda. La Süddeutsche évoque notamment les SA24, particulièrement dangeureux. Bien que coûteux, Kadhafi s'était procuré pas moins de 480 missiles de ce type et pour le moment, personne ne sait où ils sont passés.

La Chine, la Zambie et le cuivre

Les élections générales qui ont eu lieu mardi en Zambie. Michael Sata a désormais été déclaré vainqueur par la commission électorale mais les journaux allemands se concentrent essentiellement sur les relations entre ce pays d'Afrique australe et la Chine. A l'exemple de la Franfkurter Allgemeine Zeitung qui titre son article "la Chine, la Zambie et le cuivre". La République populaire est en effet l'un des plus gros investisseurs étrangers en Zambie. Le volume des échanges entre les deux pays atteint 100 millions de dollars. L'influence de la Chine sur le continent africain n'est nulle part aussi grande qu'en Zambie et aucun autre pays en Afrique n'a ouvert si généreusement ses portes à Pékin, poursuit le journal. Alors qu'en 2008, lors de la précédente élection, Michael Sata, opposant de longue date, avait misé sur une rhétorique anti-chinoise, il a cette année retenu la leçon : trop d'emplois dépendent en Zambie des investissements en provenance de l'Extrême-Orient.

Sambia Wahlen Michael Sata
La quatrième fois a été la bonne : Michael Sata, nouveau président zambienImage : picture-alliance/dpa

Le "roi cobra" - c'est ainsi que les Zambiens le surnomment en raison de ses attaques acerbes contre le président sortant Rupiah Benda - a changé son fusil d'épaule, relève die Tageszeitung. Il a cette année misé lui aussi sur la coopération avec les investisseurs chinois. Des investisseurs qui font par ailleurs face à un mécontentement croissant de la part de la population, relève le journal. Et pour cause : les entreprises gérées par des Chinois versent le plus souvent des salaires en-dessous du minimum fixé par la loi. Quant aux conditions de travail, elles ne reflètent guère les standards internationaux. Mais les affaires sont les affaires et malgré des grèves et des troubles réguliers, le commerce entre les deux pays est florissant.

Karte Südsudan mit Sudan
Le Soudan et le Soudan du Sud : plus de 2.000 kilomètres de frontières à gérer

Un champ de mines de 2.200 kilomètres de long

Trois pas en arrière, un pas en avant. C'est ainsi qu'un diplomate occidental, cité par la Süddeutsche Zeitung décrit les évolutions politiques entre le Soudan et le Soudan du Sud. Ces derniers jours, il semble qu'ils aient de nouveau décidé d'aller de l'avant. Les deux pays ont conclu un accord qui porte sur l'ouverture de dix points de passage le long de leur frontière commune qui n'est, du reste, toujours pas complètement fixée. Cela dit, le journal remarque que les trois obstacles majeurs à une paix durable dans la région - le Sud-Kordofan, Abyei et le Darfour - ne sont eux toujours pas levés et ne sont pas prêts de l'être. La semaine dernière Khartoum a interdit 17 partis politiques sous prétexte que leurs leaders et la majorité de leurs membres étaient originaires du Soudan du Sud et devaient donc être considérés comme des étrangers. Si cette politique répressive se poursuit, il y a fort à parier qu'elle aura des conséquences sur les conflits évoqués plus haut, estime le journal. Il ne faut pas oublier que les opposants au pouvoir soudanais justifient leur lutte en s'appuyant sur la dureté et l'arrogance du gouvernement de Khartoum qui ne laisse place à aucun pluralisme.

"Méfiance, manipulation, lutte de pouvoir"

En République démocratique du Congo, die Tageszeitung voit se profiler une campagne électorale violente, opposant principalement le chef de l'Etat actuel Joseph Kabila au vétéran de l'opposition Etienne Tshisekedi. Depuis que ce dernier a annoncé sa candidature, plusieurs affrontements entre partisans des deux camps ont eu lieu. Les bruits qui courent concernant un report de l'élection en 2012 ne sont pas non plus rassurants. En dehors du fait que les opposants au président sortant ne font pas confiance à la commission électorale, il verrait assurément dans ce report une tentative de Kabila pour garder plus longtemps le pouvoir.

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Mogadiscio, capitale ravagée par 20 ans de guerreImage : dapd

Le tarzan de Mogadiscio

Pour finir, un mot sur le portrait de Mohamed Nur publié par la Süddeutsche Zeitung sous le titre "le tarzan de Mogadiscio". Surnommé ainsi à cause de sa force physique, Mohamed Nur est depuis 2009 maire d'une capitale ravagée par 20 ans de guerre. Il est allé à l'école à Mogadiscio - à l'époque où le charme de la cité bordant l'océan Indien était intact - et il est convaincu que la ville peut renaître de ses cendres. Pourquoi sinon aurait-il quitté sa confortable vie en Europe pour un job aussi risqué s'interroge le journal. Quoi qu'il en soit, les habitants le respectent et apprécient son dynamisme. Mais ils savent aussi qu'il ne suffit pas d'un maire énergique pour sortir Mogadiscio de son profond coma. Mohamed Nur a besoin de moyens, de vivres mais aussi de psychologues. "La guerre a rendu les gens fous. Vous ne croyez tout de même pas qu'avec autant de violences, on reste normal" dit-il. Et effectivement, le traumatisme collectif dont il parle a peu été étudié jusqu'ici. "C'est comme si les gens avaient vécu des années durant dans une cage sombre", dit encore Mohamed Nur. Son objectif : construire ne serait-ce qu'une petite fenêtre dans cette cage pour faire entrer un peu de lumière. Il sait à quoi ressemblait cette ville de Mogadiscio à l'époque où elle était pacifiée.

Auteur : Konstanze von Kotze
Edition : Fréjus Quenum