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Les déplacés du centre du Mali et le général

Paul Lorgerie
12 septembre 2019

Le site de déplacés de Sénou, en bordure de Bamako, accueille 800 personnes, exclusivement peules, qui ont fui les violences intercommunautaires qui ravagent le centre du pays. Le terrain a été offert par un général malien et des ONG comme MSF y sont présentes pour offrir une aide humanitaire à ces populations. Reportage sur place de Paul Lorgerie.

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Les déplacés internes du site de Sénou, à Bamako, accueillent en grande pompe le général Ismaïl Cissé. 

En mai, ce dernier a fait don d’un terrain de cinq hectares pour les personnes déplacées du centre du pays. Celles-ci étaient alors installées sur la décharge de Faladjè, à quelques kilomètres de Bamako.


"N’importe qui à ma place qui aurait un endroit à offrir l’aurait fait", affirme le général Ismaïl Cissé. "C’est très difficile de voir des hommes, femmes et enfants vivre sur des tas d’ordures. Et on était alors à deux ou trois mois de l’hivernage. J’ai alors dit que si ces personnes restent ici lors de l’hivernage, ce serait un scandale. Déjà à Faladjè, nous avons eu le malheur de perdre quatre enfants, à la suite de l’incinération des ordures et des gaz qui s’en sont échappés." 

A l’occasion de l’Achourra, une fête musulmane, le général est venu recevoir les 500.000 francs CFA de dons de la diaspora malienne à destination du site. 

Car face à l’arrivée de compatriotes du centre qui ont fui les violences intercommunautaires, la société civile s’organise. Près d’une vingtaine d’acteurs agissent sur place. 

Fuir les violences intercommunautaires

Le site de Sénou est occupé par près de 800 personnes, exclusivement peules. Dont certaines portent encore les marques du conflit.  

Hamidou Dicko a fui par crainte pour sa vie en raison de ses liens avec les occidentaux. Il raconte pourquoi il a choisi Bamako comme destination : "On n’a pas pu s’arrêter à Sévaré. Après être parti de Bankass, nous sommes allés à Ogoussagou, puis Bankass. En arrivant à Bankass, les gens pensaient qu’on y trouverait la sécurité. Mais c’était faux. Le sort nous a dirigé à Bamako parce qu’il y a la paix ici."

La vie reprend doucement son cours sur le site. Lorsque les femmes cuisinent, les enfants jouent au football et les habitants jouissent aujourd’hui de douches et de l’eau courante, le tout installé par Médecins sans frontières. 

En juin, l’ONG médicale est venue évaluer les besoins primaires de la population et constate qu’aujourd’hui, la situation s’est stabilisée. 

Boubacar Koroney, coordinateur adjoint de Médecins sans frontières, affirme que "les conditions sanitaires se sont beaucoup améliorées. Au début des consultations, nous accueillions 60 personnes par semaine. A la fin, nous sommes descendus à 20."

Selon les bénévoles du site, de nouvelles familles en provenance des régions affectées arrivent chaque semaine en périphérie de Bamako, gonflant ainsi le nombre de personnes déplacées dans la capitale.

Les habitants du site de Sénou aimeraient rentrer chez eux mais le centre du pays reste exposé au risque terroriste et aux violences intercommunautaires.

 Si on observe une accalmie depuis quelques mois, la situation pourrait à nouveau se dégrader avec la fin de la saison des pluies.