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Les Djandjawids accusés de violences contre les civils

4 juin 2019

Un calme précaire règne à Khartoum au lendemain de la répression d’un sit-in. Plus que l'armée dans son ensemble, il semble que ce soient les ex-miliciens arabes Djandjawids qui ont conduit la répression sanglante.

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Sudan Proteste in Khartum
Image : Reuters

"C'est un déshonneur total pour l’armée soudanaise" (Jacky Mamou)

Au lendemain de la dispersion du sit-in des manifestants devant le siège de l'armée, plusieurs témoins joints à Khartoum ont qualifié cette opération de "massacre".

Ceux-ci estiment en effet que l’armée n’en était pas responsable. Mais plutôt les ex-miliciens djandjawids.

"Quand la junte militaire a pris le pouvoir, elle a nommé le chef milicien djandjawid vice-président pour faire tout le travail que l'armée ne veut pas faire directement. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que  les militaires acceptent que le pays soit dirigé par des miliciens. C'est un déshonneur total pour cette armée soudanaise qui se cache derrière des miliciens. C'est une honte pour cette armée soudanaise", réagit Jacky Mamou, président du Collectif Urgence Darfour.

Crimes

Les miliciens djandjawids n’en sont pas à leurs premiers crimes. Ils se sont fait connaître dans le passé par leur violence. Selon Michel Galy, professeur de géopolitique à l’Institut des relations internationales de Paris, les Soudanais sont habitués aux exactions de ces miliciens.

"Ce sont des milices qui ont été impliquées malheureusement dans des actes de crimes de guerre, voire de génocide au Darfour. Du point de vue formel, c'est une partie de l'armée. Ils auront à rendre des comptes. Et donc, ils n'ont aucun intérêt personnel et politique à une démocratisation", explique-t-il.

Michel Galy : " les djandjawids sont une partie de l'armée"

En 2005 une commission d’enquête de l’ONU a conclu que les forces gouvernementales et leurs supplétifs, les miliciens djandjawids, ont commis des crimes contre l’humanité dans province du Darfour, située à l’ouest du pays.

La recommandation de cette commission d’enquête était alors que leurs auteurs soient traduits devant la Cour pénale internationale.

Craintes

La brusque escalade de la violence au Soudan, avec la dispersion sanglante du sit-in de la contestation lundi à Khartoum, fait planer le risque d'un chaos généralisé dans ce pays.

Depuis, la rupture entre les parties semble avoir atteint un point de non-retour, car le général Abdel Fattah al-Burhane, à la tête du Conseil militaire, a renié tous les accords passés lors des pourparlers, qui étaient à l'arrêt depuis le 20 mai.


Conséquence : la contestation a catégoriquement rejeté le principe d'élections dans neuf mois, qualifiant le Conseil de "putschiste".

Plusieurs observateurs de la vie politique soudanaise craignent une spirale de la violence et du chaos. Chaque partie campe sur ses positions.

Selon une note du cabinet d'analyse américain Soufan Group publiée mardi, il existe une similitude entre la situation soudanaise et "les manifestations du Printemps arabe qui se sont transformées en insurrections" globales, l'exemple le plus dramatique étant la Syrie. Une division de l’armée n’est pas également exclue, estiment certains analystes.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona