Les mensonges ont de petites jambes (proverbe allemand)
27 novembre 2009Le travail d'un ministre de la Défense est parfois semblable à celui d'un démineur, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Apparemment, l'ex-Ministre de la Défense n'en avait pas conscience. Sinon, comment expliquer sa communication catastrophique dans ce dossier ? Il aurait dû savoir que toute explosion en Afghanistan a des répercussions jusqu'à Berlin.
Après tout ce que l'on a appris, relance die Welt, on peut être certain que monsieur Jung a fait preuve pour le moins de négligence. En effet, après cette action militaire, le Ministre allemand de la Défense en poste avait répété à plusieurs reprises que seuls des talibans terrorristes avaient été tués. On sait aujourd'hui que le jour même du bombardement, le commandement régional de la Bundeswehr possédait des informations selon lesquelles il y avait aussi des victimes civiles.
Les victimes civiles, elles sont aussi à Berlin, titre non sans ironie la Tageszeitung. Le chef de la Bundeswehr, l'inspecteur général Scheiderhahn, et le Secrétaire d'État aux Armées, Peter Wichert, ont été limogés par Karl Theodor zu Guttenberg, l'actuel Ministre de la Défense. Mais l'opposition réclame aussi la démission de monsieur Jung, actuellement Ministre du Travail. Au vu de sa tentative de camouflage des faits alors qu'il était à la Défense, peut-on encore avoir confiance en lui pour ce qui concerne l'emploi ?
Pour la Frankfurter Rundschau, le successeur de monsieur Jung, Karl Theodor zu Guttenberg, n'est pas non plus blanc comme neige. Peu après son entrée en fonctions, il avait repris à son compte l'opinion du général Scheiderhahn selon laquelle ce bombardement avait été une action « militairement adaptée à la situation ». Bien sûr, le nouveau Ministre de la Défense faisait confiance à sa hiérarchie militaire. Aujourd'hui, il n'a alors d'autre choix que d'en tirer les conséquences en limogeant les coupables de mensonge.
Combien de renvois sont-ils encore nécessaires ? s'interroge la Süddeutsche Zeitung. L'Inspecteur général de la Bundeswehr est limogé, un secrétaire d'État aussi. La démission du Ministre responsable de cette débâcle politique serait la meilleure solution, sans pour autant représenter une grosse perte pour le gouvernement actuel. Pourtant, les démissions ne peuvent pas compenser les dégâts infligés. La confiance dans les compétences de la direction politique et militaire du pays est la base de l'envoi de milliers de soldats en Afghanistan. Cette confiance s'effrite. Cette mission, très controversée, est désormais entachée du mensonge des responsables politiques. Il faut à nouveau se battre pour la légitimer. Pourquoi pas cette fois en faisant preuve de franchise ?