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Les occidentaux ont-ils la mémoire courte ?

C. Ricking / A. Le Touzé4 décembre 2015

Après la France et le Royaume-Uni, l'Allemagne a rejoint la coalition internationale contre Daesh, formée suite aux attentats du 13 novembre à Paris. Mais la réponse militaire au terrorisme est-elle une bonne solution ?

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Image : picture-alliance/dpa

Les attentats de Paris ont fait revenir dans le vocabulaire des dirigeants occidentaux des termes belliqueux, qui rappellent l'après-11 septembre 2001: au nom de la "guerre contre le terrorisme", ils appellent à une "coalition internationale" pour mettre fin à ce fléau. Pourtant, les guerres menées ces dernières années en Afghanistan, en Irak et dans une moindre mesure, en Libye, sont loin d'avoir apporté les effets escomptés. Jochen Hippler, spécialiste du Proche-Orient à l'université de Duisbourg.

Le président français veut rassembler une large coalition contre Daesh
Le président français veut rassembler une large coalition contre DaeshImage : Reuters/Philippe Wojazer

"Ces différentes interventions occidentales ont généralement atteint rapidement leurs objectifs militaires: la chute des talibans en Afghanistan, celle de Saddam Hussein en Irak et de Muammar Kadhafi en Libye. Mais ce résultat, au premier abord positif, s'est ensuite inversé."

En campagne contre le terrorisme

La vacance du pouvoir a été un terrain propice pour la propagation des groupes terroristes, dont le plus fort, l'Etat islamique, semble avoir pris le dessus. Depuis les attentats du 13 novembre, le président français bat campagne pour obtenir, de Moscou à Washington, une vaste coalition contre Daesh. Michael Lüders, un autre spécialiste allemand du Proche-Orient, met en garde contre une intervention au sol en Syrie.

"Aucune armée régulière n'a jamais réussi à vaincre une guerilla. Même si la stratégie que poursuit Daesh saute aux yeux, les responsables occidentaux se jettent tête la première dans ce piège. On peut tout au mieux essayer d'empêcher la milice terroriste d'étendre son influence. Et les raids aériens ont déjà permis d'atteindre cet objectif."

Les occidentaux risquent de se laisser prendre au piège de Daesh
Les occidentaux risquent de se laisser prendre au piège de DaeshImage : Reuters/Stringer

Impliquer les populations locales

Selon les experts, la lutte militaire contre l'Etat islamique atteindra rapidement leurs limites. D'où l'importance d'impliquer les principaux groupes de population en Syrie et en Irak, et notamment les sunnites. Selon Jochen Hippler, l'occident n'a que des options limitées en Syrie:

"On peut renforcer considérablement l'aide humanitaire pour adoucir la détresse issue de ce conflit. Et au niveau de la diplomatie internationale, faire en sorte de ne pas jeter de l'huile sur le feu."

Espoirs diplomatiques

Sur le papier au moins, une solution politique semble se profiler. À la mi-novembre, le groupe international de soutien à la Syrie a lancé une feuille de route visant à obtenir un cessez-le-feu entre le régime de Bachar al-Assad et les groupes rebelles. Un gouvernement de transition doit être mis en place d'ici six mois sous l'égide des Nations unies, suivi d'élections auxquelles des millions de réfugiés pourraient participer. Ce serait une première victoire dans la lutte contre l'Etat islamique.

Les 17 pays du groupe de soutien à la Syrie ont proposé une solution politique pour résoudre le conflit syrien
Les 17 pays du groupe de soutien à la Syrie ont proposé une solution politique pour résoudre le conflit syrienImage : Reuters/L. Foeger