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Les promesses de Buhari

Sandrine Blanchard1 avril 2015

"Nous allons construire un nouveau Nigeria, mais ça va être dur, les attentes sont immenses", dit l'épouse de Muhammadu Buhari. Pour convaincre les électeurs nigérians, le général a misé sur le renouveau.

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Le général Buhari a-t-il autant changé qu'il le dit?
Le général Buhari a-t-il autant changé qu'il le dit?Image : Getty Images/Afp/Nichole Sobecki

Le nouveau président élu a dû aussi persuader l'électorat qu'il avait changé depuis les années 1980, et que d' "ancien putschiste", il s'était converti à la démocratie. Tour d'horizon des grandes promesses électorales et des attentes vis-à-vis du nouveau chef de l'Etat.

Vaincre la corruption

En premier lieu, le nouveau président a promis de s'attaquer à la corruption qui mine le pays. Arrivé au pouvoir en décembre 1983 à la faveur d'un putsch, il avait déjà fait de la corruption son cheval de bataille jusqu'à sa destitution en août 1985. Et plusieurs commentateurs reconnaissent l'intégrité du général Buhari, une qualité rare dans le paysage politique du Nigeria, le 15è pays le plus corrompu de la planète d'après l'ONG Transparency International en 2014.

Manji Cheto, consultante au cabinet Teneo Intelligence, jointe à Londres par Assumpta Lattus :

Nigeria Wahl 2015 Straßenszene
La lutte contre la corruption endémique, comme premier chantierImage : Plaucheur/AFP/Getty Images

« Maintenant, nous verrons quel impact positif sa réputation d'homme intègre aura sur la composition de son gouvernement. Les principaux secteurs économiques du pays sont en perte de vitesse, à cause du manque de confiance dans le pays. S'il arrive, avec sa bonne réputation, à restaurer l'image du Nigeria, qui a toujours été mauvaise, ce sera déjà un pas important. »

Développer le Nord

Le retour au pouvoir d'un enfant de la région suscite aussi de grands espoirs dans le Nord. Les Nigérians des Etats du nord espèrent des avancées économiques et sociales, mais aussi sécuritaires ; que Muhammadu Buhari arrivera rapidement à bout de Boko Haram, là où son prédécesseur a échoué. Et c'est possible, car il pourrait accorder davantage d'intérêt aux revendications sociales des populations pauvres du nord, ce qui pourrait conduire de nombreux habitants à ne plus avoir ni envie ni besoin de soutenir la secte islamiste.

Et les femmes dans tout ça?

Dans l'Etat de Gombe, ces femmes ont été enlevées par Boko Haram
Dans l'Etat de Gombe, ces femmes ont été enlevées par Boko HaramImage : Reuters

Pour terminer, d'autres grandes oubliées de la politique au Nigeria : les femmes. Hafsat Baba est défenseuse des droits de la femme et militante du parti APC, de Muhammadu Buhari. Elle aussi espère que l'alternance apportera son lot de changements pour la gent féminine :

« Nous espérons que les nouvelles autorités vont faciliter la participation des femmes à la vie publique, augmenter les revenus des femmes etc. Nous espérons qu'il prendre cela au sérieux car aucune nation ne peut se développer sans une réelle contribution des femmes à ce développement. Nous espérons pouvoir bientôt nous réjouir de ces changements, parce que nous, les femmes, sommes allées massivement voter, or nous représentons environ 50% de l'électorat du Nigeria. »

Une vraie conversion à la démocratie?

Les observateurs restent toutefois prudents quant à la « conversion » de l'ancien général-président à la démocratie. Dans les années 1980, la « guerre contre l'indiscipline » lancée par Muhammadu Buhari s'est surtout traduite par une main de fer, un contrôle militaire et policier fort, une mise au pas voire l'élimination des contestataires.