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Les rêves brisés d'un jeune Sénégalais

Lamine Ba Mamadou
14 juin 2017

Comme des milliers de Sénégalais, El Hadj Oumar Diouf a pris la mer pour tenter de rejoindre l'Europe. Mais son rêve s'est brisé en moins de deux mois en Espagne. Il a été renvoyé dans son pays où il vit difficilement.

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Senegal DW-Dreharbeiten - Hinterbliebene von Flüchtlingen in Thiaroye-sur-mer
Image : DW/G. Vollmer

Migration - Senegal - MP3-Stereo

"C'est le jour où on devait aller à Madrid, on nous a retenu à Tenerife. Puis ils nous ont amené à Fuerte Ventura. C'est de là qu'on nous rapatrié vers le Sénégal" : fin octobre 2006, El Hadj Oumar Diouf débarque en Espagne après six jours de traversée risquée par la mer. Mais après 54 jours de séjour dans ce pays, il est rapatrié au bercail le 10 décembre 2006. C'est la fin d'un rêve, celui de travailler et de réussir une nouvelle vie.

"Quand j'ai remis les pieds au Sénégal, j'ai senti la terre se dérober sous mes pieds. J'avais vendu tout ce que j'avais pour financer mon voyage. J'espérais réussir là-bas. J'avais fait beaucoup de sacrifices. Un jour, je suis allé à la plage. C'est là où j'ai craqué. J'ai pleuré. Je sentais ma grosse déception."

Cette déception, la maman d'Omar l'a aussi vécu difficilement. Elle a fini par s'en remettre à Dieu : "Oumar était allé pour aider ses parents et sa famille. Malheureusement, ça a échoué. Vous imaginez donc ma déception. C'était dur. Très difficile. Pour quelqu'un qui est soutien de famille. Mais on endure, sachant que c'est une volonté divine."

Une vie quotidienne difficile

Soudeur de profession et lutteur à ses heures perdues, El Hadj Oumar Diouf n'en a pas fini avec ses épreuves. Son atelier a été récemment détruit par la mairie de Thiaroye pour cause d'occupation de la voie publique. Dans l'arène, il peine à trouver un combat de lutte. Aujourd'hui, Oumar est ruiné. Ses biens se chiffrent à trois brebis qu'il élève dans la maison familiale. Au quotidien, il se débrouille pour apporter de quoi manger à sa famille. Malgré sa mésaventure, il rêve de repartir en Europe :

"Je jure que je partirai à la première occasion. Parce qu'en réalité, c'est mieux qu'ici. Ce que je peux réaliser là-bas, je ne peux pas le faire ici. Si je réunis la somme nécessaire, je vais repartir, s'il plaît à Dieu." 

Comme Oumar, plus de cent Sénégalais ont été renvoyés, cette fois de Libye, il y a deux semaines. Un lot qui vient s'ajouter aux anciens rapatriés d'Espagne et récemment des Etats-Unis. Des rêves brisés. Mais les candidats n'ont pas enterré leur rêve de retourner en Occident.