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Les services de renseignement en question

15 novembre 2011

Les membres d’un groupe d’extrême-droite soupçonnés d'une dizaine d’assassinats à caractère raciste durant une dizaine d’années auraient peut-être bénéficié de la clémence des autorités qui avaient infiltré leur bande.

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Jusqu'où infiltrer les mouvements d'extrême-droite?Image : picture-alliance / dpa


Comment se fait-il que les membres du groupe NSU, ce qui signifie "Clandestinité national-socialiste", aient pu commettre ces crimes alors même qu’ils étaient sous surveillance des autorités depuis 1998 ?

Pourquoi la police n’a-t-elle pas fait le lien, durant toutes ces années, entre des crimes assez similaires, perpétrés dans différentes régions d’Allemagne ? Ces questions remontent jusqu’au ministère fédéral de l’Intérieur et voici la réponse apportée par le ministre Hans-Peter Friedrich :

« Seuls les services de l’Office de protection de la constitution de la région de Thuringe menaient l’enquête ; elle était cantonnée à cette région, et il faut maintenant que nous sachions pourquoi. Par ailleurs, nous songeons à instaurer un fichier des crimes d’extrême-droite, qui serait commun aux services fédéraux et régionaux de la police, et aussi à l’Office fédéral de protection de la constitution. »

Thema Zwickauer Terrorzelle rechtsextremistischer Terror in Deutschland
Capture d'écran d'une vidéo du NSUImage : dapd

Infiltrer et... rémunérer?

L'Office fédéral de protection de la constitution est un organe chargé de récolter des informations sur les organisations soupçonnées d’activités illégales avant l’ouverture d’une procédure judiciaire. Or, parmi les méthodes les plus répandues de l’Office, il y a l’ « infiltration », pour recueillir des informations de l’intérieur. Mais, au sein d'une structure il est parfois difficile de distinguer les vrais militants des agents infiltrés. Par ailleurs, la rémunération des agents de liaison par l'Etat pose aussi problème. Dans l’affaire du NSU, l’un des malfrats a pu être un indic, ce qui expliquerait le peu de zèle des enquêteurs à leur endroit.

En théorie, il existe une structure parlementaire pour contrôler les agissements des services de renseignement, dont l’Office de protection de la constitution. Et le gouvernement fédéral est censé informer les députés de toutes les activités des services secrets.

Geschäftsführer SPD Bundestagsfraktion Thomas Oppermann
Thomas Oppermann se dit pour une réforme des services de sécurité allemandsImage : picture-alliance/dpa

Réunion à huis-clos

L’organe de contrôle parlementaire, le PKG, se réunissait aujourd’hui à Berlin pour remédier aux dysfonctionnements constatés dans la pratique. Thomas Oppermann, président social-démocrate du PKG :

« Quand les instances de décision d’une organisation sont fortement infiltrées par l’Etat, le citoyen est en droit de se demander qui tient réellement les rênes : l’organisation néonazie ou les informateurs rémunérés par l’Etat ? Je ne demande pas à supprimer le principe des agents de liaison, mais il faut revoir totalement les pratiques actuelles. »

En 2003, des agents infiltrés dans des milieux xénophobes avaient fait échouer la tentative d’interdiction du principal parti d’extrême-droite, le NPD. Leur forte présence dans les instances du parti avaient invalidé les enquêtes et minimisé les preuves rassemblées sur d’éventuelles activités illégales du parti.

Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Fréjus Quenum