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Dégradation des terres, source de migration

18 juin 2019

Jamais les écosystèmes naturels n’ont été autant dégradés causant des déplacements de populations. Le constat a été fait à Ankara, où la journée mondiale de lutte contre la désertification a été célébrée cette année.

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Algerien, Niger &  Libyen | Thema Flüchtlinge in der Sahara
Image : picture-alliance/AP Photo/J. Delay

La journée de 17 juin, journée mondiale de lutte contre la désertification a été célébrée cette année dans la capitale turque, Ankara.

L’occasion pour la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) de réunir scientifiques, hommes politiques et acteurs de la société civile sans oublier les représentants des communautés pour parler du sujet.

Des populations obligées de migrer

Les populations des pays du Sahel sont bien sûr les plus touchées par la dégradation des terres, avec la réduction des ressources en eau et alimentaires. 

Conséquence : le phénomène accélère le déplacement des populations dans les régions concernées comme l’explique, la chercheuse Mariam Akhtar-Schuster. Elle mène depuis 1988, des recherches sur la désertification en Afrique. 

UNCCD Leiter Ibrahim Thiaw
Image : DW/K. Tiassou

"Naturellement, il y a un lien. Un cultivateur qui n’arrive plus à planter, parce que la terre est dégradée, il n’a plus d’eau, ne va pas réfléchir deux fois avant d’aller dans la prochaine grande ville pour chercher d’autres moyens de survie. Et si cela ne s’améliorait pas, il va migrer un peu plus loin", explique-t-elle.

Mariam Akhtar-Schuster codirige une commission indépendante d’experts qui conseille les Nations unies sur le sujet. Et pour elle, la dégradation des terres est incontestablement la source de certaines migrations.

"Des études de terrain en Afrique de l’ouest par exemple, ont prouvé que si la terre dans une zone perd ses capacités, ou produit moins, le peu de ressource qui reste est source de conflits. C’est tout à fait normal, tout le monde veut vivre. Et si ce conflit demeure ou devient grand, les gens n’ont plus d’autres choix que de migrer", prévient la chercheuse. 

C’est déjà le cas dans certaines régions du Sahel et dans la corne de l’Afrique. Dans les pays du Sahel, sept personnes sur dix vivent encore en milieu rural, des zones souvent arides ou semi-arides. 

Désertification à l'origine des conflits

Dans les zones touchées par le phénomène, 95% de la population exploitent des terres lessivées ou dégradées et sont souvent confrontés à des conflits liés à des ressources. Et pour Ibrahim Thiaw est le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification :

UNCCD Leiter Ibrahim Thiaw
Image : DW/K. Tiassou

"Au Darfour c'était un conflit lié à la terre, l'eau et les pâturages. Les gens se battaient pour contrôler les pâturages. Dans un pays comme le Nigeria, ce que nous ne disons pas beaucoup, c'est que, des conflits liés à l'accès à la terre et à l'eau ont plus de victimes que le groupe terroriste, Boko haram. Restaurer les terres amène la stabilité dans nos pays".

Raison pour laquelle, le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw appelle les États à s'investir dans la lutte contre la désertification. Notamment en menant des travaux de restauration dans les régions concernées. Deux milliards d’hectares de terre sont dégradés dans le monde, du fait des activités humaines et du réchauffement climatique.