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Éléphants de la Garamba, des voisins un peu trop encombrants

Wendy Bashi
24 avril 2024

En RDC, dans la province du Haut-Uélé, des éléphants détruisent depuis quelques jours les champs agricoles des populations riveraines du parc.

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Eléphants dans le parc de Samburu au Kenya  (Photo d'illustration)
Les communauté demande de l'aide aux autorités congolaises (Photo d'illustration)Image : AP

Frédéric Tati Mery, le président de la société civile du territoire de Watsa, dans le Haut-Uélé, ne cache pas son inquiétude. Il explique que les pachydermes détruisent les cultures des populations. 

Il demande de l'aide aux autorités parce que ces éléphants sont, selon lui, une menace pour les populations et leurs champs.

"Chaque année, à la saison des mangues, les éléphants quittent la forêt" (Paulin Tshikaya)

"C'est une réelle difficulté pour ceux qui pratiquent l'agriculture parce que toutes leurs cultures sont détruites. Ils ne pourront pas bénéficier de leurs récoltes. C'est pour cette raison que nous demandons aux autorités de se pencher sur ce dossier et voir ce qui peut être fait pour dégager ces pachydermes et permettre aux populations de vaquer à leurs occupations. "

Une habitude plutôt connue dans la région

Paulin Tshikaya est directeur technique et scientifique à l'Institut congolais de conservation de la nature. Il a travaillé au parc de la Garamba et précise que cette situation n'a rien de nouveau.

"Chaque année, quand il y a la saison des mangues, les éléphants quittent la forêt pour venir consommer les mangues. Nous envoyons systématiquement des équipes de sensibilisation parce que nous sommes face à des troupeaux d'éléphants et on ne peut pas prendre des mesures pour les chasser. Tout le monde sait qu'après un ou deux mois, ils retournent dans le parc. La seule chose que nous faisons, c'est donner des conseils aux communautés de ne pas approcher les troupeaux, de ne pas les déranger, de ne pas chercher à

couper les mangues là où les éléphants sont déjà présents et cela nous permet de maintenir un équilibre, " confie le scientifique à la Deutshe Welle.

Vers une meilleure cohabitation entre les humains et les éléphants ?

Pour Corneille Ewango, professeur à l'université de Kisangani et spécialiste en biologie de conservation et en biodiversité, qui a lui aussi longtemps travaillé au parc national de la Garamba, il est impératif de comprendre l'écologie de ces animaux :

"L'éléphant ou les autres animaux passent et repassent dans leurs traces. Pour eux, c'est leur territoire et ils peuvent faire la transhumance là où il y a disponibilité de nourriture. Les communautés doivent savoir s'organiser pour mener des activités en couloir. L'agriculture doit se faire de manière regroupée, de manière à assurer la protection des cultures. Mettre en enclos les éléphants ou les animaux du parc national de la Garamba, ou d'un autre parc, c'est rêver de quelque chose qui n'arrivera pas. Le parc a ses limites connues des humains, mais les animaux ne voient pas ces limites."

Corneille Ewango insiste sur le fait que cette situation n'est pas particulière à la Garamba, cela se passe partout où vivent des éléphants. Pour lui, les animaux, tout comme les humains, ont le droit à la vie et nécessitent d'être protégés.