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L'Europe des chefs

24 février 2011

Europe communautaire ou intergouvernementale? La crise économique désespère les europhiles car elle marque le retour en puissance des Etats nations.

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Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont brusqué leurs partenaires en cherchant à imposer leur Pacte de stabilité
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont brusqué leurs partenaires en cherchant à imposer leur Pacte de stabilitéImage : AP

C'est le débat du moment à Bruxelles. Face à la crise de l’euro, les états européens s’efforcent de mieux coordonner leurs politiques économiques. La France et l’Allemagne ont proposé un Pacte de stabilité qui ne fait pas l’unanimité parmi les partenaires européens. Le nœud du problème est en fait la méthode : l’Europe fonctionne de moins en moins sur un mode communautaire, tel qu’édicté par les Traités, et se dirige de plus en plus vers une gestion intergouvernementale – c’est-à-dire que les états les plus puissants comme la France et l’Allemagne essayent d’imposer leur vision des choses en court-circuitant les institutions européennes, à commencer par la Commission européenne.

L'eurodéputé allemand Martin Schulz
L'eurodéputé allemand Martin SchulzImage : picture-alliance/Wiktor Dabkowski

La crise fait donc le lit des partisans d’une renationalisation de la politique européenne, au grand dam des Européens convaincus comme l’eurodéputé allemand Martin Schulz qui, la semaine dernière à Strasbourg, a résumé les choses à sa manière habituelle, c’est-à-dire en appuyant directement sur la plaie. « Nous nous trouvons aujourd’hui un an après cette crise difficile et quelle est la valeur de l’euro ? Aux alentours de 1,35 dollars. Quand nous avons créé l’euro, la valeur était de 1,17 euros. La valeur de l’euro depuis un an est en fait extrêmement stable. Ce qui n’est pas stable c’est la structure interne de l’euro. Et il est d’autant mois stable que les Etats et les gouvernements sont incapables de sortir de leur ambigüité et leur double-jeu. Le problème n’est pas que l’Europe n’est pas capable de s’entendre : les institutions existent. Le problème est que les Européens n’arrivent pas à s’entendre entre eux. Et quand je dis l’Europe ce n’est pas le Parlement européen ni même la Commission. Ce sont les gouvernements d’Etats souverains qui, certes, sont parvenus à créer une monnaie unique forte mais sont incapables de créer les instruments dont nous avons besoin afin de conduire, parallèlement à une monnaie unique, une politique commune économique et sociale : c’est là le point décisif. Le plus grand péril de l’Europe réside dans le fait que lorsque la plus grande puissance économique du monde – avec 500 millions d’habitants – agit dans l’unité, alors l’Europe est forte. Mais si celle-ci se permet de se diviser entre ses 27 parties alors l’Europe devient négligeable. Et cela nous avons pu nous en rendre compte avec la désunion de l’Europe face aux événements qui se déroulent de l’autre côté de la Méditerranée. Pas de ligne commune, l’Europe ne joue aucun rôle. Avec une ligne commune, l’Europe est avec son modèle social et économique le moteur de l’économie mondiale et un partenaire influent sur la scène internationale. »

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot