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L'Europe va-t-elle mourir guérie?

Jean-Michel Bos21 février 2013

La crise de l'euro n'est pas terminée. En dépit des bonnes nouvelles qui se sont multipliées, l'Europe reste avec un taux de croissance bas et un chômage trop élevé. Des faiblesses qui compromettent sa reprise.

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File picture shows a zoom-in image of the illuminated euro sign in front of the headquarters of the European Central Bank (ECB) in Frankfurt April 5, 2011. The euro tumbled to a three-week low against the dollar and plunged against the yen on February 14, 2013 after data painted a dismal picture of the euro zone's economy, raising the chances of European Central Bank monetary policy action. Picture taken April 5, 2011. REUTERS/Kai Pfaffenbach/File (GERMANY - Tags: BUSINESS)
La tour de la Banque centrale européenne à FrancfortImage : Reuters

Il y a pourtant longtemps que l'Europe n'avait pas envoyé au monde de signaux plus positifs. Il y a d'abord eu l'accord sur la dette de la Grèce, puis le rééchelonnement accepté de la dette irlandaise, il y a eu de bonnes nouvelles avec les capitaux qui, de nouveau, reprennent la direction de la zone euro, prouvant que les marchés ont de nouveau confiance en l'Europe. Il y a eu enfin, et surtout, l'accord sur les perspectives financières : le budget européen des années 2014-2020, un budget certes revu à la baisse en raison des déficits mais un accord tout de même. Ce qui est en soi déjà une bonne nouvelle.

Mais au-delà de cette embellie, il y a deux composantes profondes, durables, de l'économie européenne qui elles ne changent pas : totu d'abord une croissance en berne comme l'a rappelé la Commission européenne cette semaine dans ses prévisions pour 2013. La France est particulièrement visée puisque les perspectives de croissance revues à la baisse vont l'empêcher de respecter la barre des 3% du PIB de déficit budgétaire. Mais d'autres pays sont aussi touchés, y compris l'Allemagne, dont la croissance s'est réduite au dernier trimestre 2012. Pourtant l'Allemagne a un atout : la flexibilité de son marché du travail et un chômage faible, de l'ordre de 6 à 7%.

Chômage des jeunes

Unemployed people line up at a job center in Alcala de Henares, near Madrid, Spain on 10 February 2010. The number of unemployed workers in Spain increased in January 2010 by 124,890 people from December 2009, according to the Government's Survey of the Working Population (EPA in Spanish). This is the sixth consecutive rise of the level of unemployment in Spain. The EPA shows that Spain reached its highest level of unemployment ever in December 2009, when 4,326,000 people (18.83 per cent of the working population) were unemployed. EPA/FERNANDO VILLAR
Chômeurs à Madrid devant un bureau de l'agence pour l'emploiImage : picture alliance/dpa

Car le chômage est la seconde composante essentielle. Mais sur l'ensemble du continent, les chiffres sont préoccupants. Le chômage s'établit à 11% dans l'Union européenne. Pire encore, il est quasiment de 23% chez les jeunes et atteint 50% dans certains pays. Ces deux facteurs combinés, croissance faible et chômage important, affaiblissent les chances de reprise en Europe. Pendant ce temps, les perspectives de croissance aux Etats-Unis, en Chine, au Brésil ou en Inde sont largement supérieures. Ceci s'explique bien sûr par la sévère et nécessaire cure d'austérité à laquelle s'astreignent les pays européens. Mais la question est de savoir si finalement l'Europe ne risque-t-elle pas de mourir en étant guérie ? On le voit, les enjeux pour 2013 sont encore lourds pour l'Union européenne.

Investir dans le social

European Commissioner for Employment, Social Affairs and Inclusion Laszlo Andor addresses the media, at the European Commission headquarters in Brussels, Tuesday, Jan. 8, 2013. The European Union's employment chief sees the financial crisis creating a ''new divide'' between the north and south, deepened by record unemployment and a fraying social security net which are unlikely to improve in 2013. (Foto:Yves Logghe/AP/dapd)
Le commissaire à l'emploi et aux affaires sociales, Lázsló Andor.Image : dapd

Nous parlons maintenant de la cohésion sociale. Ou de l'Europe sociale. Un vieux serpent de mer qui résume le fait que l'Europe sociale, peu ou prou, cela n'existe pas. Il y a bien une convergence en matière d'économie, de politique fiscale désormais, mais le social reste la chasse gardée des États. Pourtant, la crise de la zone euro, en imposant de sévères réductions des dépenses publiques, a de très concrètes conséquences sociales avec une précarisation croissante des couches populaires et aussi de la classe moyenne.

C'est pour cela que la Commission européenne vient de publier un rapport, une communication, qui incite les États à donner priorité aux investissements sociaux pour faire face aux conséquences de la crise. Pour tâcher de comprendre de quoi il s'agit, nous avons joint au téléphone Jonathan Todd, il est le porte-parole du commissaire à l'emploi et aux affaires sociales, Lázsló Andor.

La City fait grise mine

epa03583355 European Commissioner for Taxation and Customs Union, Audit and Anti-Fraud, Algidras Semeta, holds a news conference on financial transaction tax (FTT), at the European Commission headquarters in Brussels, Belgium, 14 February 2013. According to media reports, the FTT is initially to apply in the eurozone's four biggest members - France, Germany, Italy and Spain - as well as Austria, Belgium, Estonia, Greece, Portugal, Slovakia and Slovenia. EPA/JULIEN WARNAND +++(c) dpa - Bildfunk+++
Le commissaire à la fiscalité, Algirdas Semeta, lors de la présentation de la Taxe sur les transactions financièresImage : picture-alliance/dpa

Nous poursuivons dans un sujet pas très éloigné puisque nous allons parler d'impôt. Ou plutôt de taxe sur les transactions financières. Là encore, il s'agit d'un vieux serpent de mer depuis que l'ancien Prix Nobel d'économie, l'Américain James Tobin, avait proposé, en 1972, d'instaurer une taxe sur les transactions monétaires internationales. Aujourd'hui, cette taxe, qu'on n'appelle d'ailleurs plus Tobin, a été élargie aux transactions financières passées chaque jour sur les marchés.

Après tout de même quarante ans de discussion, elle vient d'être proposée par la Commission sur demande de 11 pays européens : la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, la Belgique, l'Autriche, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie et l'Estonie. Si vous avez bien suivi, le Royaume-Uni n'y est pas. Et pour cause : Londres voit d'un très mauvais œil cette taxe qui risque de faire fuir les investisseurs de la City.

C'est ce que nous explique depuis Londres, Daniel Coulon.

A qui va profiter l'argent ?

Nous partons maintenant à Athènes, en Grèce. Un pays qui est à la pointe de la contestation sociale et pour cause : la débâcle financière de la Grèce est devenu le symbole de cette crise et la population est sans doute celle qui a le plus souffert de l'austérité.

Les réactions grecques sont donc plutôt positives car la taxe va apporter plus d'argent à un budget public qui en a besoin. Pourtant, des voix s'élèvent contre l'utilisation de ces fonds.

On écoute les explications depuis Athènes de Thomas Jacobi.

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