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L'euthanasie, débat récurrent en Allemagne

25 juin 2010

La Cour Fédérale de Justice à Karlsruhe, plus haute instance juridique du pays a formulé un jugement appelé à faire jurisprudence dans un domaine controversé: le droit à l'euthanasie passive

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Bundesgerichtshofs (BGH) Cour Fédérale de Justice KarlsruheImage : picture-alliance/ dpa

La Cour a estimé que l'interruption des soins maintenant en vie un malade contre son gré n'était pas punissable. Dans le cas actuel jugé en appel à Karlsruhe, la Cour a acquitté un avocat qui avait conseillé à une femme de couper la sonde alimentaire maintenant sa mère en vie. La septuagénaire était dans le coma, depuis cinq ans déjà.

Sandra Havenith a rencontré une femme qui, très malade, a elle aussi beaucoup réfléchi au thème de l'euthanasie.

Personne ne connait par avance sa capacité de souffrance... Mais si je pense que la limite est atteinte, alors je veux pouvoir m’en aller."

Ingrid Sander est très malade, chaque pas la fatigue. Elle peut à peine bouger son bras gauche, sa jambe droite est paralysée et elle souffre mille douleurs. Seuls des médicaments très puissants lui permettent de survivre jour après jour, sans aucun espoir de guérison. A l’âge de cinq ans, la poliomyélite l’a frappée. Depuis, son état n’a fait qu’empirer progressivement. Ses nerfs se nécrosent, tout comme ses muscles. Ingrid a depuis toujours beaucoup réfléchi sur la mort, elle plaide pour que chacun puisse mourir comme il le veut, même avec une surdose de sédatifs au cas où les douleur ne seraient plus supportables. La septuagénaire ne veut en aucun cas être maintenue artificiellement en vie. Ce n'est pas la mort qui lui fait peur, mais l'idée d’être un jour connectée à des machines, inconsciente ou impuissante et fixée des mois ou des années sur un lit dans une station de soins intensifs:

Intensivstation
Un patient en soins intensifs CHU de EssenImage : Christoph & Friends

„Etre livrée à d’autres, ne pas pouvoir me défendre, être allongée sans pouvoir bouger et abandonnée aux machines ..."

Pour Ingrid Sander l’idée d’être nourrie par sonde ou d’être maintenue en vie par respiration artificielle est un cauchemar. Et elle refuse une telle mort prolongée et inconsciente avec véhémence. Elle a fixé par écrit sa volonté de mourir de manière naturelle quand son heure aura sonné. Elle espère bien que ses enfants respecteront ce souhait et ne la laisseront pas livrée à des machines. Une responsabilité difficile à assumer, estime son fils Karsten, mais :„Cela serait très difficile, mais je le ferais, parce que je sais exactement que c’est dans son intérêt."

Karsten Sander sait ce que vivre avec une maladie grave signifie et il accepte la décision de sa mère: "Depuis mon enfance j’ai vu comment ma mère souffre. C’est une femme qui aime la vie, qui est très active, engagée. Et je sais qu’elle ne prendrait pas une telle décision sur un coup de tête . Mais que ce serait le fruit d’une mûre réflexion"

Alter Friedhof Bonn
"Le vieux cimetière" à Bonn Tombe de Robert SchumannImage : DW

Ingrid Sander espère avoir encore quelques années à vivre, mais elle veut mourir comme elle le souhaite, sans prolongement artificiel, ni appareils:„ Dans le calme et en paix, entouré de tous mes proches et sans souffrances. Chacun doit pouvoir mourir sa mort ."

Ingrid Sander le pourra: depuis ce vendredi en Allemagne, hâter le décès d'un patient en désactivant le dispositif qui le maintient en vie n'est pas criminel s'il en a clairement exprimé le souhait.

Auteur: Sandra Havenith / Ph.Pognan

Edition: Ibrahim Tounkara