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L'exercice d'équilibriste d'Angela Merkel en Egypte

2 mars 2017

Angela Merkel est au Caire où elle veut parler migration avec le président al-Sissi. Les défenseurs des droits humains, eux, dénoncent l'autoritarisme du régime égyptien.

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Ägypten Merkel und al-Sisi
Image : Reuters/Amr Abdallah Dalsh

Angela Merkel a bien failli ne pas pouvoir décoller pour l'Egypte : ce matin, le système électronique de son Airbus était en panne. Or le gouvernement allemand ne dispose que de trois appareils et les deux autres étaient déjà partis, avec respectivement à leur bord la ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères en partance pour les pays baltes. Finalement, l'avion de la chancelière a pu être réparé et Angela Merkel a pu voyager. Décidément, les  responsables allemands n'ont pas de chance avec leurs avions. En février, un Airbus tout neuf n'avait pas été en mesure de ramener la ministre de la Défense de voyage et un vieux Transall de l'armée avait dû être affrété pour rapatrier la ministre. Une aventure similaire avait bloqué le chef de la diplomatie allemande à Addis Abeba il y a deux ans.

Bref, Angela Merkel est bien arrivée au Caire, à la mi-journée, où son agenda est chargé. D'abord, elle doit parler crise migratoire avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, puis rencontrer des responsables religieux coptes et musulmans et des représentants de la société civile.

Ägypten Hosni Mubarak wird zum Gerichtsprozess nach Kairo mit Hubhscrauber geflogen Unterstützer vor dem Krankenhaus
Certains sont nostalgiques de l'ère Hosni MoubarakImage : Reuters/M. Abd El Ghany


Un "renouveau"

La chancellerie annonce un "renouveau" des relations germano-égyptiennes. L'Allemagne compte sur les autorités d'al-Sissi pour aider à bloquer les routes migratoires qui transitent par la Libye voisine. Il s'agit notamment d'améliorer les conditions de vie dans les pays d'origine pour endiguer les départs et d'œuvrer à la stabilité de la région. En échange de quoi l'Allemagne propose un renforcement de la coopération économique. Joachim Paul, de la Fondation Heinrich Böll à Tunis :

"Juste avant les élections législatives allemandes en septembre, et les scrutins en France et en Hollande, le gouvernement allemand et l'UE essaient d'opérer un tournant dans leur politique migratoire. D'où l'idée de mettre en place des camps d'accueil en Afrique du nord où les gens peuvent déposer leur demande d'asile pour l'Europe, et d'où on peut le cas échéant les renvoyer dans leur pays."

 

Et les droits de l'Homme dans tout ça?
 

Mais les ONG de défense des droits de l'Homme appellent la chancelière à critiquer ouvertement l'autoritarisme du maréchal al-Sissi. De nombreux opposants sont derrière les barreaux, les forces de l'ordre pratiquent des arrestations arbitraires et l'on torture dans les prisons; comme le rappelle le politologue Hassan Nafaa :

"Aujourd'hui, la liberté d'expression est moins grande que sous Moubarak. Les droits de l'Homme sont bafoués, il y a la torture, des gens disparaissent. C'est pire qu'avant. Je suis sûr qu'on s'achemine vers un régime totalitaire."

Ägypten Hunderte Kopten von der ägyptischen Sinai-Halbinsel in die Stadt Ismailia am Suezkanal geflohen
Victimes de violences, des centaines de coptes ont dû fuir le Sinaï fin février.Image : Getty Imgaes/AFP/Stringer

Cet après-midi, la chancelière devait rencontrer le chef des sunnites d'Egypte, et le patriarche des chrétiens coptes, Théodore II, pape d'Alexandrie, ainsi que des membres de son Église. Avant son voyage, Angela Merkel avait fait un faux pas en louant la politique de tolérance religieuse des autorités égyptiennes, alors que les coptes sont discriminés, et la confrérie des Frères musulmans persécutée.

L'Allemagne réclame aussi que les fondations allemandes ne seront plus entravées dans leur travail en Egypte, comme c'est le cas depuis la condamnation de deux collaborateurs de la Fondation Konrad-Adenauer en 2013.

Par ailleurs, l'ex-président égyptien Hosni Moubarak a été acquitté définitivement par la cour de cassation au Caire dans son procès pour la mort de manifestants durant la révolte qui a provoqué sa chute en 2011.  Hosni Moubarak avait été condamné à la prison à vie en 2012 mais un nouveau procès avait été ordonné par la justice. Il avait été acquitté en appel, décision confirmée, donc, en cassation.