L'influence du lobby pro-Israël aux Etats- Unis

Régulièrement, le Congrès à Washington adopte des résolutions qui soutiennent la politique israélienne. Chaque président américain admet sans restriction que la sécurité de l’Etat d’Israël est dans l’intérêt des Etats-Unis.

Il y a deux ans, un article publié par deux professeurs américains a fait l’objet de vives polémiques. Leur thèse : ces déclarations officielles d'une solidarité inébranlable avec Israël ne sont pas le fruit d’une pensée rationnelle ou de solides arguments, mais le résultat du travail du lobby pro-Israël à Washington. Entre temps, les deux professeurs ont publié un livre sur ce thème et la controverse continue.

Le travail de lobby est "aussi américain que le fameux Apple Pie", la célèbre tarte aux pommes. Et que les groupes d’intérêt les plus divers essaient à Washington de rallier les membres du Congrès à leur cause, va tout à fait dans le sens de la Constitution américaine, estime le rabbin Andrew Baker qui souligne:

“Ce n’est pas une chose que les gens font secrètement en pleine nuit, mais de manière tout à fait ouverte et légale, et cela est même encouragé. ”

Ainsi, divers groupes de soutien à Israël sont par exemple organisés au sein de l’AIPAC, le Bureau pour le travail de relations publiques américano-israélien. L’AIPAC est considéré comme la plus puissante organisation pro-israélienne de la capitale américaine. Fort de plus de 100.000 membres, l’AIPAC s’est fixé pour objectif de rendre "Israël plus sûr, en travaillant à ce que le soutien américain ne faiblisse pas". C'est ce que l'on peut lire sur son site Internet. L’AIPAC, partie intégrante du “Lobby pro Israel" selon John Mearsheimer et Stephen Walt, lance chaque année une centaine de projets de loi ou d’actions politiques concernant les relations américano-israéliennes. Si les deux auteurs considèrent eux aussi légitime le travail de lobby à Washington, ils estiment cependant que l’influence des groupes d’intérêts pro-israéliens va trop loin. John Mearsheimer :

“Ce lobby dirige la discussion publique sur les relations américano-israéliennes. Le résultat est qu’il est presque impossible de critiquer Israël ou les relations américano-israéliennes dans les médias américains.”

Le rabbin Baker est en désaccord avec les thèses de Mearsheimer et Walt. Et il affirme:

„Nous n’essayons pas, de faire pression sur quelqu’un ou de le corrompre, nous essayons simplement de montrer la réalité, et là on pourrait aussi dire: Israël parle pour lui-même.”

La politique souhaitée par le lobby pro-Israël n’est souvent pas conforme aux intérêts américains, ni même parfois aux intérêts israéliens. Depuis l’occupation par Israël de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie en 1976, les présidents américains auraient compris que la politique israélienne des colonies juives dans les territoires palestiniens empêche la solution du conflit, affirme Maersheimer, mais :

“Aucun Président, y compris le Président Bush, n’est en position de faire pression sur Israël pour stopper la construction des colonies. La raison en est le lobby pro-Israël. Et aussi longtemps que le président Bush et son successeur ne pourront exercer de pressions sur Israël pour qu’il cesse la construction de nouvelles colonies et se retire de Cisjordanie, il n’y aura pas d’entente, et pas d’accord de paix.”

Aux Etats-Unis, affirment Mearsheimer et Walt, un homme politique qui se tourne contre Israël n’a pratiquement aucune chance d’être élu.