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L'investissement allemand en Afrique passe par le privé

31 octobre 2018

Berlin a promis le 30 octobre 2018 jusqu'à un milliard d'euros d'investissements en Afrique. L'annonce faisait suite au lancement en mars 2017, par la présidence allemande du G20, de l’initiative "Compact with Africa".

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"Compact with Africa"-Konferenz in Berlin
Image : picture-alliance/dpa/B. von Jutrczenka

"Compact With n'est pas de l'aide publique au développement" (Ndongo Samba Sylla)

La somme d'un milliard d'euros au maximum promise ne sera toutefois pas déboursée par l'Etat allemand mais par des entreprises privées auxquelles Berlin garantira la sécurité de leurs investissements.

L’État allemand s’est engagé à garantir ces investissements privés, ce qui signifie que l'argent public ne sera disponible dans un premier temps que comme une sécurité.


C’est pourquoi la chancelière Angela Merkel a annoncé mardi dernier,  la mise en place d’un fonds doté d'un montant pouvant atteindre un milliard d’euros, ainsi qu'une série d'exonérations fiscales pour inciter les entreprises allemandes, encore peu présentes en Afrique, à investir sur le continent.

Le programme Compact With Africa vise en effet à soutenir ces investissements privés pour créer des emplois en Afrique et au bout du compte, enrayer les migrations vers l'Europe.

Par ailleurs, ce programme a été lancé en collaboration avec le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.


"Ce sont des investissements privés de manière générale. Et donc, ce n'est pas du bénévolat. Ce n'est pas de l'aide publique au développement. Ça s'inscrit clairement dans une logique de faire des affaires en Afrique. L'Allemagne est un pays qui ne commerce pas beaucoup pour l'instant avec l'Afrique. Si on regarde les stocks d'investissement étrangers, l'Allemagne doit être située à la 10e place. Donc, ça veut dire qu'il y a un retard à combler pour l'Allemagne en Afrique", explique l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla qui est chargé de recherche à la Fondation Rosa Luxembourg, à Dakar.

Inquiétudes

Même s’ils saluent les investissements allemands en Afrique, certains économistes émettent cependant des doutes quant à leur mise en œuvre concrète.

Le Togo par exemple est engagé dans un projet thermique de production d’électricité. Mais pour l’économiste togolais Yves Ekoué Amaïzo, la réalisation de ce projet pourrait aggraver le surendettement de son pays.

"Une partie de l'endettement public de l'Etat Togolais est lié à l'échec d'un projet dans l'énergie, justement thermique. Pourquoi? Parce qu'il veut faire une usine thermique et il le fait à partir du gaz. Or, le Togo n'a pas de gaz. On va donc l'importer depuis le Nigéria. Mais il n'y a pas de pipeline gazier qui fonctionne pour le moment. Vous allez voir que ça va devenir un gouffre financier pour le gouvernement", a-t-il soutenu.

Le Togo a signé à Berlin un mémorandum de collaboration avec Siemens, Eranove et  le constructeur TSK, spécialiste des installations industrielles, dans le cadre d’un projet de centrale électrique au gaz au Togo.

Le groupe international Siemens fait partie de l’association Africa Verein qui comprend aussi  Volkswagen, CommerzBank, Mobisol ou Heidelberg Cement.


Ajoutons que 10 pays africains sont membres de l’initiative allemande Compact With Africa : le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Rwanda, le Sénégal, le Togo et la Tunisie.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona