1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

L’ONU va renouveler les exemptions à l’embargo en RCA

31 janvier 2019

Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait renouveler ce jeudi (31.01.2019) pour un an supplémentaire des exemptions accordées à la Russie et la Chine concernant l’embargo sur les armes imposé à la RCA.

https://p.dw.com/p/3CXFS
Zentralafrikanische Republik | Naturschutz in Krisengebieten | Soldaten vor dem Präsidentenpalast in Bangui
Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

"Il faut lever l’embargo" Marcel Djimassé (ancien ministre)

Le Conseil de sécurité va très vraisemblablement prolonger ces exemptions accordées à l'embargo sur les armes imposé à la Centrafrique.

Selon Roland Marchal, chargé de recherche au CNRS et spécialiste de la RCA, les exemptions dont bénéficient la Russie et la Chine sont conformes au droit.

"N'importe quel pays peut fournir en armes le gouvernement centrafricain. Il y a une procédure qui existe au Conseil de sécurité. Les Russes ont suivi absolument cette procédure à la fin 2017. C'est ce qui explique les livraisons d'armes qui ont eu lieu en janvier 2018, alors que le pays est formellement sous embargo. L'embargo n'est pas un embargo absolu. Il exige un certain nombre de garanties de transparence de la part du gouvernement et du fournisseur de ces armes. Le gouvernement centrafricain peut se réarmer", a expliqué à la DW le chercheur.

Roland Marchal : "l'embargo contre la RCA n'est pas un embargo absolu"

Livraison d’armes et de matériels

L’embargo qui frappe la RCA a été partiellement levé à deux reprises. Il a permis à la Russie de livrer 1.700 armes aux Forces armées centrafricaines. La France, pour sa part, a livré 1.400 fusils d’assaut AK-47 et trois véhicules amphibies.

La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont opposés, le 14 juin aux Nations unies, à une demande de Bangui d'importation d'armes de la Chine, soumise depuis 2013 à un embargo sur les armes.

Le 5 juin 2018, la ministre centrafricaine de la Défense, Marie-Noëlle Koyara, avait déposé, auprès du comité des sanctions de l'ONU, une demande d'exemption à l'embargo visant à autoriser l'importation de matériel chinois : véhicules blindés, mitrailleuses, grenades lacrymogènes et autres équipements et munitions pour sa police et son armée. Mais la France et les Etats-Unis  se sont fermement opposés.

Pekin envisageait de doter la RCA  de douze véhicules blindés légers, quatre véhicules d'assaut, cinquante pistolets, six fusils de précision, une quarantaine de mitrailleuses de divers calibres, trois cents roquettes, cinq cents grenades anti-chars, quinze grenades lacrymogènes et sept cent cinquante mille munitions de divers types.

En lieu et place de dons en équipements militaires, la Chine a  livré 70 véhicules, en plus d’un lot important de matériels à l’armée centrafricaine.

Levée de l’embargo

 En attendant la décision du Conseil de sécurité, l’ancien ministre centrafricain, candidat à l’élection présidentielle de décembre 2016, Marcel Djimassé, juge la mesure insuffisante et plaide pour la levée totale de l’embargo.

"Nous sommes en face de deux poids deux mesures. Les gens qui devraient faire l'objet d'une mesure d'embargo, ceux qui sont hors-la-loi, ceux qui utilisent les armes, tuent tous les jours. Ces gens-là ont toujours la possibilité de s'approvisionner en armes. Alors que l'armée nationale que la communauté internationale a contribué à restructurer, à former, n'a rien pour leur faire face", se plaint-il.

La République centrafricaine est sous embargo de l’ONU depuis 2013. Une période qui a coïncidé avec la prise de contrôle du pays par les différents groupes armés qui contrôlent environ 80% du territoire national.


En début de semaine, près de 3.000 Centrafricains dont le Premier ministre ont manifesté devant le Stade 20.000-places de Bangui pour exiger la levée de l'embargo sur les armes dans leur pays.

Selon Mathieu Simplice Sarandji, "il y a un verrou qui mérite d'être levé, c'est l'embargo qui frappe nos forces de défense et de sécurité. Le gouvernement respecte l'embargo alors que les groupes armés reçoivent des armes. Le peuple centrafricain ne peut pas comprendre cette loi de deux poids deux mesures.

La République centrafricaine est sous embargo de l’ONU depuis 2013. Une période qui a coïncidé avec la prise de contrôle du pays par les différents groupes armés qui contrôlent environ 80% du territoire national.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona