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Victoire Ingabire quitte le parti FDU

Etienne Gatanazi
11 novembre 2019

La présidente du parti FDU affirme que plusieurs raisons, dont le harcèlement qu’elle subirait de la part du pouvoir, l'ont forcée à quitter un parti qui n'est pas reconnu par Kigali. 

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Image : Reuters/J. Bizimana

Dans une interview accordée à la DW, Victoire Ingabire n’exclut pourtant pas la possibilité de s’allier à l'avenir avec le parti au pouvoir, le FPR. L'opposante rwandaise repond aux questions d'Etienne Gatanazi, notre correspondant à Kigali.

DW : Bonjour Victoire Ingabire. Vous avez donc quitté le parti FDU dont vous êtes la fondatrice...

Ingabire : Oui, j’ai quitté le FDU, un parti que j’avais créé avec mes camarades en 2006, et en 2010 ils m’ont donné la mission de faire enregistrer le parti pour participer aux élections présidentielles. Les démarches ne se sont pas bien passées, j’ai été emprisonné pendant huit ans. Puis en 2017, les membres du comité qui étaient ici au Rwanda ont aussi été emprisonnés, ce qui veut dire qu’il n’y avait que les membres à l’extérieur du pays qui étaient restés actifs.

Après ma libération, et même jusqu’aujourd’hui, je ne suis pas autorisée à sortir du pays. Finalement, nous avons convenu que nous ne pouvions pas faire avancer le parti si nous ne pouvions pas nous rencontrer. Donc, nous nous sommes séparés à l’amiable, j’ai décidé de fonder mon propre parti à l’intérieur du pays avec les membres qui ont subi comme moi des pressions. Mais créer un nouveau parti ne veut pas dire que les harcèlements ou les intimidations vont cesser. Ce n’est pas une garantie.

 

DW : Vous changez de parti après la récente attaque dans le nord qui a fait plusieurs morts, à la suite de laquelle la police rwandaise vous a interpellée pour vous interroger sur une possible complicité. Est-ce une coïncidence?

 

Ingabire : Non, le fait de créer un nouveau parti n’a rien à voir avec les interrogatoires que j’ai subi et que je continuerai à subir. Nous menons une lutte pour l’ouverture de l’espace politique au Rwanda. Cela fait que nous continuons à subir des harcèlements et des intimidations. Je suis toujours interpellée quand il y a une attaque quelque part, c’est toujours moi, en tant qu’pposante, qu’on pointe du doigt, à qui on demande des explications, alors que je n’ai rien à voir avec cela. Nous continuons notre lutte malgré que nous sachions que ce n’est pas facile.

"Nous pourrions former une coalition, même avec le FPR"...

DW : Pourriez-vous un moment donné être sur la même longueur d'ondes que le FPR et sa façon de faire les choses ?

Si les choses continuent de la même manière qu'aujourd'hui, je ne crois pas. Mais s'il y a des progrès, pourquoi pas. Si par exemple, lors des élections prochaines élections notre parti arrive au pouvoir, nous pourrions former une coalition, même avec le FPR. Pourquoi pas.

Mais nous restons un parti indépendant qui lutte pour la démocratie au Rwanda, pour que le développement et le bien-être du pays soient partagés au sein de la population rwandaise. Ce sont les deux principaux points qui nous ont différenciés du FPR jusqu'à aujourd'hui.

La politique est dynamique mais si j'acceptais le système tel qu'il est aujourd'hui, je n'aurais pas eu de raison de créer un autre parti et j'aurais pu adhérer au FPR. Mais nos points de vue diffèrent tellement qu'on ne peut pas vraiment travailler ensemble.