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L'opposition turque remporte la mairie d'Istanbul

24 juin 2019

Ekrem Imamoglu, du CHP, a gagné les municipales à Istanbul. L'AKP au pouvoir perd donc aussi la capitale économique, mais Erdogan garde le pouvoir. Analyse du politologue Samim Akgönül.

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Türkei  Neuer Bürgermeister von Istanbul, Ekrem Imamoglu
Le nouveau maire d'Istanbul, Ekrem ImamogluImage : Presseabteilung von Ekrem İmamoğlu

'C'est une victoire symbolique' (S. Akgönül)

Les rues d'Istanbul étaient en liesse, la nuit dernière, dimanche 23 juin au soir, après l'élection d'Ekrem Imamoglu comme maire de la ville. Le candidat du parti d'opposition CHP a donc bien remporté les élections municipales, avec 55% environ des suffrages, alors que sa victoire au scrutin de mars avait été contestée par l'AKP au pouvoir, qui avait obtenu son annulation.

Son rival de l'AKP, Benal Yildirim, et le président Recep Tayyip Erdogan, ont félicité la victoire de l'opposant dès dimanche, par un tweet. De son côté, Ekrem Imamoglu a indiqué être "disposé à coopérer" avec le camp présidentiel. Mais cette défaite ne devrait pas affaiblir le pouvoir du président turc Erdogan De quoi cette élection d'Ekrem Imamoglu dans la capitale économique est-elle le signe ?

Ecoutez l'analyse de Samim Akgönül, politologue qui enseigne à l'université de Strasbourg en cliquant sur la photo de l'article.  

Samim Akgönül: La Turquie est un pays très centralisé. On ne peut pas considérer la victoire d'Imamoglu à Istanbul comme un changement de gouvernance ou un changement administratif. Mais c'est une victoire quand même, pas seulement des sociaux-démocrates, donc des séculiers, du mouvement CHP, mais également des Kurdes qui l'ont soutenu et de l'ensemble des forces démocratiques qui l'ont soutenu. Il y a également ceux qui ont été déçus des politiques depuis une dizaine d'années et de l'AKP dans l'ensemble de la Turquie.

Et puis la prise d'Istanbul, la prise de Constantinople, est une image forte dans l'inconscient des Turcs. Au-delà de l'importance symbolique, il y a l'importance politique. Recep Tayyip Erdogan a commencé sa carrière politique en tant que maire d'Istanbul en 1994.

Et enfin la mairie d'Istanbul a une importance au niveau des finances, pas tellement pour son propre budget, mais à travers des centaines d'entreprises semi-privées semi-publiques, qui contrôlent les marchés publics. Les ONG pro-gouvernementales sont soutenues par la mairie.

En réalité, pendant ces 25 dernières années, l'islam politique en Turquie a instrumentalisé Istanbul comme une caisse enregistreuse pour distribuer l'argent et pour attirer les médias, les hommes d'affaires et les ONG. Cette source est coupée.

DW: Pour résumer votre analyse, vous estimez que c'est une défaite de l'AKP certes, symbolique aussi pour le camp présidentiel, mais ça ne va pas minorer les pouvoirs gigantesques de Recep Tayyip Erdogan?

Certainement pas, le maire d'Istanbul n'a pas ce pouvoir. Ce n'est pas parce qu'Istanbul, Ankara, Antalya ou Izmir ont été perdus que le pouvoir central s'est affaibli politiquement parlant. On va voir maintenant si symboliquement dans les discours, il y aura un infléchissement.